UTMB 2017 ...WINTER IS COMING
voila il est la ..je l'ai couché d'une traite ..comme pour sortir le plus vite possible de la tempete du we dernier ...prenez le temps de le lire ..c'est long et parfoit chiant ..c'est comme la montée du col de la seigne !UTMB, un Ultra Trail du Mont Blanc qui a failli se finir en Une Très Mauvaise Blague Je ne sais pas par où commencer comment commencer et par quel biais attaquer ce CR…parce que cet UTMB m’a laissé une sensation étrange, inédite, inattendue aussi. Et que finalement rien ne s’est déroulé comme je l’avais imaginé ou prévu.Il n’existe pas, un mode d’emploi type, en 17 étapes à suivre pour être sur de réussir et finir un ultra..ça serait beaucoup trop facile. Alors oui certes, il y a bien l’entrainement , la préparation (on ne se lance pour 170km alors qu’on ne court que 10min le dimanche en sortant Medor pour la promenade et le pipi). Mais il y a aussi tellement de paramètres qu’on ne maitrise pas , la météo, le problème gastrique, le mental, le pépin de santé , la fatigue. On peut tenter 4 fois le même Ultra, on le finira peut être 4 fois , peut être 2…En 2015, l UTMB a été mon premier 100 miles terminé, et j’avais bâché deux mois avant sur ma première tentative de Ronda. Je découvrais la distance , le deux nuits dehors, les douleurs indescriptibles aux pieds , les hallucinations…c’était mon bizutage 100milesque, la grande inconnue. Tout s’était déroulé sans accroc , la météo parfaite, les sensations idéales, l’envie et la motivation , le big plaisir tout au long de la course , une arrivée incroyable. J’avais Kiffé et depuis je n’ai jamais perdu ce plaisir pour un 100miles. Quelques Ultras plus tard, je me retrouve à nouveau embarqué pour un UTMB.Le nom seul fait rêver n’importe quel coureur. Faut se le dire, ce n’est pas la course la plus technique, la plus usante, la plus intéressante techniquement (des grosses portions de routes, des montées très longues et des chemins très larges). Mais le Mont Blanc c’est un aimant, ça attire, çà hypnotise, ça séduit…et en faire le tour est le rêve caché de presque tous les traileurs.Alors j’avais mes points et l’occasion de venir à nouveau a Cham pour ce rdv alpin, j’ai pas réfléchi tres longtemps…je le voulais cet UTMB , pour renouer avec mon premier « Utra » coup de foudre.Début Juillet je m’embarque pour une petite escapade dans le Mordor Andorran. Je ne reviendrai pas dessus, je l’ai déja longuement fait , l’aventure s’est terminée en échec sportif et bâchage mais suivre les potes du team Cheroulane a été une expérience fabuleuse. Malgré tout je n’oublierai pas la sortie longue « avortée » de 95km / 49h /12000 Mde D+ dans un chantier indescriptible.Je rentre d’andorre, j’ai plus vraiment envie de courir, plus envie de m’entrainer , le bitume et la route me font chier…même le pavé de Montmartre me rebute severe. Plus envie , nada, walou, niet, noway…et puis je m’essaie sur une sortie longue à Montmartre, et tout va bien pendant 18km et au 19eme dans une descente , bim la douleur au tendon rotulien droit …genre tendinite express…nan mais oh ça fait 4 ans que je n’ai pas eu de tendinite, pourquoi maintenant (shame shame me criait la petite voix intérieure) ….une baisse de motivation , un bobo au genou, une météo qui se degrade…Il ne m’en fallait pas plus pour vraiment lever le pied niveau trail et course. D’autant que le coté Pro devenait envahissant, usant, chiant et me mettait a l’amende…et cet UTMB dans un mois..Ça sentait le fumet de la défaite , la parade guignolesque , le stop honteux au contamines…Brief j’ai vraiment mis de coté la course durant ces quelques semaines , j’en avais tout simplement plus envie .Début Aout, tel le réveil de loeil du Tigre (oui ca ne veut rien dire mais ca faisait un peu bruce lee ) je rechausse les godasses..l’envie encore en hibernation ,mais la raison me dit qu’il faut aller quand meme courir un peu pour l UTMB …et puis je sens que les muscles, le dos, la nuque, les psoas, tout est coincé ..je suis a deux doigts de me refaire un lumbago a 10 jours de l UTMB j’arrive a apaiser un peu le truc par des étirements et des massages, mais en l’etat le corps n’avance pas. Je prends rdv en urgence chez mon osteo… il me sauvera la vie et accessoirement ma participation a l UTMB , en me remettant tout en place et en me décoinçant la carcasse…je luis serai reconnaissant ad vitamCa redonne un peu le moral de sentir la carcasse légère , fonctionnelle et réactive . Je profites des derniers jours avant le départ pour compléter le matos : nouveaux bâtons , bouffe ….Je commence à scruter la meteo ..a 15 jours de la course ça s’annonce couvert, météo France ne se prononce pas trop , mais le plein soleil du moment risque de ne pas continuer très longtemps ..tant que pas de pluie ça me va ? je serai servi durant cette course.J’essaie de me reposer autant que possible , mais ce foutu taf ne me laisse pas en paix et continue de m épuiser et de pomper le petis fond d’énergie stocke pour l UTMB. C’est la dur vie de l Ultra trailer amateur…concilier Job envahissant et entrainement urbain, avec pour but d affronter des montagnes de 2000 a 3000 m. je ne sais pas combien de temps je pourrai encore tenter de faire les deux …j espère le plus longtemps possible.A quelques jours du grand départ pour Cham’ , je regarde une dernière fois la météo. ça se dégrade bien comme il faut pour le we de l UTMB , froid , neige et pluie prévu durant la course. J’avais en tête de partir avec mon Ultimate Direct AK 11L…je bascule comme pour Euforia sur un sac plus grand de raid, pour pouvoir y rentrer du matériel adapté : doudoune, cape de pluie, change chaud…Je pars avec ma maison sur le dos :)Je reçois aussi un message de Yoann, mon pote de boue de l UT4M, qui me propose de filer ensemble sur la course, on vise tous les deux les 40h et courir a deux quand c chaud patate , ca aide ! l’union fait la force (et non l oignon fait la farce. Je sors )Mercredi 30 : départ pour chamj’aurai bossé la veille jusqu'à 22h30..je pars pour l UTMB, je suis sur les rotules, peu couru , pas très envie ,mais l ostéo m a vraiment recalé. Je fais mon sac n’importe comment, décidément j’ai l’impression de tout bâcler, même mon sac de voyage !A ce moment le doute m’habite (n’y voyez aucun jeu de mot la ) . Si le seul truc que j’ai bien fait avant de descendre c’est le tannage de mes pieds et le renforcement de la plante de pied après le carnage andorran qui m’avait laissé une douzaine d’ampoules ! Tomje te serais éternellement reconnaissant pour ce que tu as fait pour mes pieds !J’arrive a cham en fin d’après-midi , petit promenade sur le salon du trail , j’y vois quelques visages familiers , (Vincent, Sylvain ,Greg,Ugoet son frère Aubin ) ..je vais essayer de me reposer le plus possible , donc peu de sortie en ville.jeudi 31: je suis à Sallanches chez Plein Nord ou je découvre les autres membres du team Scarpa / Utimate Direction et ou je peux tâter la collection 2018 (y’a quand même des trucs au top qui arrivent ) ..j’adore parce que le parisien que je suis n’a jamais l’occcasion de faire ca…je kiffeJe file aux dossards dans l’après m que je récupère assez vite ..il pleut , la météo est épouvantable , l OCC se court sous des trombes d’eau..et l’amélioration n’est pas au programme. J’aime pas la puie , et encore moins le froid humide (ca me rappelle l UT4M)..mai faut bien l’accepter , soit tu te mets sur la ligne de départ en sachant que tu vas te faire dracher soit tu restes chez toi..arfff putain de pluie de merde! La météo annonce une limite pluie neige a 2000 et des températures chutant aux alentours de -7 /-9 ..que dire, pas grand-chose, mais on va déguster! j’irai là ou la tête me dira d’aller.Vendredi 1er septembre : jour du grand départJ’ai mal dormi, je me lève la tête dans le cul, je file au petit dej , je discute pendant une demi-heure avec des voisins de table américains, intrigués par l Ultra trail. Il fait vraiment pas beau , le temps s’est rafraichit. Je commence à faire mon sac , je dois lâcher mon hotel a 14h..C’est le rush , j’y vais vraiment a l’arrache, rien n’est vraiment carré , je fous tout dans les ziplock. Je partirai en Scarpa Spin et je changerai pour des Altra plus large et confort à Courmayeur. Les heures défilent, l’impression de ne pas être prêt et de toute façon je ne serai jamais prêt pour cette Edition. Pas vraiment de stress ni de nervosité, je connais le parcours. Je prends un verre avec Mat des Bosses et des bulles, Vincent ,Nico nous rejoint. Je suis à la rue total ! on apprend qu’on aura deux modifs de parcours à cause des conditions : pas de Pyramides calcaires ( cris de joie , maradonaaaaaaaaaaaaa , petite danse du monkey, une enculade en moins) , pas de tête aux Vents mais pour le coup je ne sais pas où ils nous font passer…H-3..2 , je retrouve Audrey et mon compère Yoann avec, avec qui je vais essayer de faire un petit/gros bout de chemins. Vu les conditions je pars en long direct. Il ne fait pas froid à Chamonix , ça va se refroidir plus tard, plus haut .H-1 : bein on papote et le temps passe, no stress , on voit quand même des visages fermés , stressés, des gestes nerveux chez certains ! Eh ho les mecs faut desserrer le string , on est pas là pour se faire chier hein ? Pas de caca de la peur avant la course hein ?H-Départ imminent : on est loin derrière dans la queue limite sur le parvis de l’Eglise ..mais bon on s’en fout, on est pas la pour gratter WAlmsley ou Zach Miller , et finir un ultra c’est pas au départ que ça se joue ! le brief de Catherine me donne des suées froides : température négatives, vent , pluie , neige, couvrez-vous bien , faites attention…bref rien de bon a l’horizon…Conquest OF paradise dans les oreilles , la petite larme , parce que ca fait toujours ca un départ d’UTMBUTMB…5…4…3…2…1..gooooOOOOOOOO …on ne reviendra pas sur les 24min de marche pour sortir de Cham à cause du monde ..et on se met à galoper jusqu’aux Houches. L’UTMB , d’un point de vue tracé c’est pas ce qui se fait de plus kiffant..c’est ultra chiant la première nuit avec beaucoup de route , c’est très beau en Italie , et ça redevient très chiant après le grand col ferret..la suisse est « boring »..et ça redevient cool en France , quand ça commence à sentir les ecuries…1ere Nuit : WINTER IS COMINGon essaie de galoper avec Yoann y compris dans les petites cotes , les 30 premiers km sont très bitumés (je me rappelais plus qu’il y’avait autant de goudron) ..le peloton est encore très compact..ca déroule , une nana nous propose des bières aux Houches. Il fait chaud mine de rien , je suis trop couvert. Le stop aux Houches dure 30 sec montre en main le temps de boire un coca et on attaque le Delevret , première bosse. Le brouillard fait son apparition dans la descente du delevret , on y voit plus rien …et ce qui devait arriver arriva , je perds Yoann..je ne le reverrai plus.Ca me fait chier, je me dit a ce moment-là que je vais devoir gérer tout seul la course , seul avec mon mental et mes cojones..j’avais pas besoin de ça perso. On allume déjà les frontales, et frontale plus brouillard bein on voit rien…je me rappelle il y a deux ans jetais en short, en sprint pleine balle dans la descente , il faisait soleil et 30 degrés..la c’est à tâtons a deux a l’heure …ça commence a devenir cotonS’en suit après Saint Gervais, la longue montée aux Contamines, dont le passage donnera le GO pour le début de la vraie Montagne et de la nuit. Il ne fait plus chaud du tout, voire très frais, on comme ce à se couvrir.Notre dame de la gorge, et hop on attaque l’ascension du Bonhomme, puis le col de la Seigne. Ces deux cols seront le Menu de la Nuit. Je ne vais pas m’éterniser sur ces deux montées extrêmement insipides. Pluie continue la première nuit tout ce que je redoutais. Le bonhomme passe bien , la seigne beaucoup moins. C’est interminable, l’objectif est d’arriver au Lac combal au petit matin.Alors gros, très gros coup de mou dans la montée de la seigne. Et oui j’ai à ce moment la toujours rien mangé de solide , je n’y arrive pas , je bois beaucoup (soupe/the/eau) mais rien de solide ne rentre. Mais je m’accroche et déjà le passage au bonhomme s’est fait sous -7°C environ, a la Seigne on prend super cher…Blizzard, pluie a l’horizontale, -9°C, quand j’arrive au col je suis bien entamé, vraiment, j’ai pris cher cette première nuit, mais le ciel plus clair en Italie est signe d’espoir. Je compte sur le lac combal pour me reposer un peu et me mettre au chaud..mais en fait non , le ravito est un chapiteau ouvert exposé au vent et température glaciale, je vais pas pouvoir me poser longtemps. Lac Combal km 65, j’y reste 2 min , j’avale un thé chaud et je repars autant gratter du terrain , mais je me suis pas reposé depuis le début de course.Je commence à le payer en faisant le tour du Lac , mes yeux se ferment , impossible de les garder ouverts. Je lutte , j’ai envie de me jeter par terre pour dormir…je signe mon arrêt de mort si je fais ca , dormir par -5/-6 c’est du suicide J’arrive à m’autopersuader que le sommeil va passer , c’est un cycle et une demi-heure plus tard, je pete le feu comme si j’avais bu 10 cafés… je ne cherche pas a comprendre comment fonctionne le corps mais maintenant je sais que je peux résister au sommeil et que ça finit par passer ! J’avance, mais pas vite , j’ai les pieds défoncés qui m’empêchent de courir (ongles et orteils) , je randonne vite pour le coup. Il fait beau en Italie , mais frais , mais ce soleil redonne vraiment la gigitte. Je reste couvert car froid mais l’espoir revient après une nuit très difficile, froide et épuisante.Passe le Mont favre et s’en suit la descente au col Checrouit. Je sais que là on fait les meilleures pates du parcours : al dente, sauce tomate maison, fromage. Si il y a un endroit pour manger solide c’est la.Km 74 après 15h de course, mon premier plat « solide » est avalé. Je comprends aussi que j’ai réussi a débloquer la faim et l’estomac. Le sourire revient , la patate aussi , putain bordel l’arrêt a Courmayeur tu le fait court et tu avoines. Descente a Courmayeur : Horrible, pentues, technique, racineuse et caillouteuse, longue. Celle-là aussi vient completer la liste des enculades trailistiques de haut niveau… j’arrive à Courmayeur vraiment sur les rotules, je me réjouis du repos qui va arriver.Mais Courmayeur faut pas y rester longtemps , c’est un mouroir. Ici viennent s’échouer les victimes de la première nuit qui ne veulent plus repartir, les blessés. On est bien a Courmayeur.Je récupère mon sac de délestage pour me changer et je retire mes godasses…je suis effrayé par l’ampleur des dégâts de mes pieds, c’est Stalingrad à gauche, Bagdad a droite. Je ne me dessape meme pas, je file droit voir les podo..je reste sur le lit une demi-heure le temps de ponctionner deux petites poches de sang sur les petits orteils et de percer l’ongle du gros orteils pour drainer. Pas le temps de me ravitailler trop longtemps, je m’habille et je file vers Bertone.Jour 2 : Course de Jour. ICE AND FIRE J’hallucine en partant de Courmayeur, je suis en manche courte, on crève de chaud sous le cagnard , je commence à m’arroser la tête a chaque fontaine..c’est quoi ce délire… -7 il y a encore deux heures et la 30 degrés. Mon corps n’arrive pas a comprendre ce qu’il se passe. La montée vers Bertone se fait sous le soleil et à l’abri du vent, c’est hammam party..on sue comme des cochons , on boit comme des animaux. C’est quoi ce délire ! Et dans le même temps il pleut des cordes a Chamonix.Arrivé à Bertone vers 14h , la palme d’or du ravito le plus dégueu (heureusement les mecs sont cool ) .. Bouillon sans vermicelles, dans lequel on mets des copeaux de parmesan et des Tuc. Si feu jean Pierre Coffe était là, ça serait Hiroshima sur le ravito. Je ne m’attarde pas je pars vite, je remplis mes gourdes..mais franchement je me pause pas beaucoup ..et je sais que je vais le payer tôt ou tard ..c’est le jeu de l ULTRA ma petite dame ! Entre Bertone et Bonatti le temps tourne à nouveau, le ciel se charge et le thermomètre chute..le ravito de Bonatti est encore pire que celui de Bertone..Il n y a rien a bouffer a part du coca .. « mais à Arnuva vous aurez ce qu’il faut »…soit 17 km sans bouffer correctement. Y a des claques et des allers -retours qui se perdent.Au départ de Bonatti le ciel est vraiment chargé et prêt a déversé l’Enfer…et ça loupe pas…la tempête commence , pluie cinglant le visage, se transformant en tempête de grêle puis en tempête de neige. Le froid s’installe. Je crois que je pleure durant toute la traversé jusqu’à Arnuva. Je prie et j’implore la Montagne de laisser passer un rayon de soleil. Je pleure et me demande « pourquoi je fais ça, pourquoi je suis la a subir les éléments , quel plaisir j’en tire »..Puis je me repasse les 3 raisons principales qui font que je ne vais pas lâcher l’affaire. Je dois continuer pour ceux que j’aime et qui m’aiment et qui comptent sur moi et pour moi , je dois continuer pour ceux qui me suivent et que je soule depuis des mois avec cette putain de course , je dois continuer et c’est plus terre à terre parce que si je bâche de toute façon j’ai pas d’hotel et aucun point de chute ..Au ravito d’arnuva les tetes sont basses, les regards vides, les mines sombres et très marquées. Moi le premier. Si je ne veux pas céder aux sirènes de l’abandon je dois vite sortir de la ..mais dieu que c’est dur. Le PC course ne laisse pas sortir les coureur si ils ne sont pas couverts. Un gros nuage tempétueux vient de poser son cul au sommet du grand col ferret, et l’enfer nous est promis la haut…Je sors de la tente, j’ai 4 couches sur moi , je ne regarde pas en arrière. Pas loin de 200 abandons a Arnuva..record de la course.Ce qui était promis est bien là..le passage du grand col ferret se fera avec des vents de 70Km/h , une température à -10 C, du blizzard, tempête de neige et brouillard. On voyait rien, je bénis mes gants mapa de vaisselle. On se fait secouer comme jamais sur une course. La sensation de passer la tête dans une machine a laver. Quand je commence la descente vers la suisse je suis KO debout, mais qu’est ce qui vient de se passer bordel . ?.En 2015 Jai commencé à piquer du nez dans la descente vers la fouly, là j’ai les nerfs à vif, la tête des mauvais jours et les guiboles qui tremblent..J’ai survécu mais la question est « c’est quoi la suite ? tornade, averse de sauterelles ? On descend a la Fouly et la neige laisse place à la pluie continue..Ça commence sérieusement a me gonfler cette histoire…Le parcours derrière est super chiant, si il faut prendre la pluie encore et encore. Et puis je repense au 3 raisons de continuer et ça repart.Je ne m’arrête pas pour dormir a la fouly comme en 2015, je prends un pari, celui de faire toute la course sans dormir, je vais essayer d’avancer le plus possible ….pari a la con je sais . Km 109 je me mets en route pour champex lac , et j’ai quasi 14 km de bitume le long de la route nationale à faire pour arriver. C’est glauque a mort, les bagnoles arrivent en face , il flotte comme vache qui pisse et je suis seul , tout seul au milieu de la nuit. Et je peux vous dire que ça cogite et très sévère. Je rentre dans une espèce de transe, rythmée par le bruit des bâtonsLà j’ai envie de dormir, et l’envie est bcp plus forte qu’a la seigne. Je suis a plus de 20h de course et réveillé depuis plus de 32h…Ma tête, mes jambes me disent stop ..ca coïncide avec l’apparition des premières hallu aussi. C’est un signe…c’est décidé j’irai dormir a Champex, 15 min.Nuit 2 : Champex, la Nuit ou je suis capable du meilleur comme du PireJ’arrive a champex, je file sous la tente « Dodo » je règle mon IPhone sur 15 min , je m’endors instantanément. Je me réveille je suis un autre homme. La chef de post rentre dans la tente pour nous annoncer que la BH se termine dans 20 min ..C’est quoi cette merde ? Ah oui ces couillons ont modifié les BH suite au modif de parcours. Raccourcies d’un quart d’heure par ci , une demi-heure par la ..je suis un autre homme, je me transforme en coureur Elite..et je me mets a galoper tout ce que je peux après 120 bornes et 30 h de course. J’avais jamais eu les BH au Cul.La Nuit est humide et froide, la montée de la Giète est tres pénible, et derrière faut descendre a Trient. En 2015 la descente avait été épique, j’avais eu d’énormes hallu, pris d’un sommeil profond et j’avais dormi a trient .Rebelote, les hallu reviennent et je suis mort. Je m’attarde un peu sur ces hallu..ça a commencé par voir des morts vivants sur les cailloux, puis des têtes de morts…j’ai entendu une musique s’élever des arbres, un voix qui m’appelle ..j’étais plus tres lucide mais assez pour flipper. Puis en tournant la tete , j’aperçois dans les feuillages, deux Gorilles qui me regardent avec un grand sourire en trinquant avec une pinte de Bièrs ..je ne suis pas fous , juste extenué, je ne suis pas fou , tout ceci n’est pas vrai. Partout les coureurs asiatiques s’arrêtent pour dormir debout , se figent. Ils courent comme des tocards..Ils donnent tous ce qu’ils ont en montée , se mettent KO explose dans les descentes. Je passe mon temps a les croiser et recroiserJe décide de m’arrêter sur le premier gros cailloux que je vois pour dormir 5 min, ça devient dangereux en descente. Je titube et zig zag. Je me pose sur un rocher, je sombre 3min montre en main..au réveil je suis encore un autre homme , mais cette fois ci j’ai envie d’en découdre , la fin n’est pas loin. Cette siestounette de 3 min est la meilleure sieste de toute ma vie !Je file a trient, je bois 5 thés chauds, je repars vite , dans la montée de catogne . Le jour se lève , le dernier jour de course . Je grimpe, je bascule et je rentre dans la descente de vallo. Quel chantier cette descente, quel champ de patate, de la boue jusqu’aux chevilles, ça glisse. Il fait grand soleil , mais toujours 5 degrés..J’arrive à Vallorcine ça sent bon la fin ! En partant j’ai le sourire et la patate ! je tombe sur Jonathan un pote de pote avec qui je pars faire les derniers Km…col des montets puis le parcours inconnu qui évite la tete aux vents..ça sera la parcours du marathon du Mt Blanc pour arriver à la Flegere. La descente est une véritable enculade avant de remonter les 400 m pour la Flégere. On est ras le String sur la BH, faut vraiment pas trainer…Il reste 1h40 pour la BH de la Flégere, et on voit un panneau de rando « Flegere 2h40) …on demande à un mec qui nous parle de 2h de chemin..Désespoir, se faire niquer à 10 bornes de l’arrivée…MAIS BORDEL JE NE VAIS PAS ME FAIRE ENCULER PAR UNE PUTAIN DE BH A 10 bornes de la fin …je passe en mode « Kiki le Catalan » ..je me mets vraiment à pousser sur les bras et les bâtons , je cours dans la montée…non j’en avais pas sous le pieds , juste les nerfs qui poussent. J’arrive à la Flegere 35 min plus tard ..je manque de faire une syncope dans la tente du ravito..7 km et c’est la fin.J’en ai marre je ne veux pas courir, j’ai les pieds défoncés (me suis refait le gros ongle du pied), j’ai encore des hallus , malgré le soleil..L’arrivée est fabuleuse, comme en 2015, je ris, j’ai mis la BH a l’amende, je tape dans les mains , je fais la Holà , les potes sont là,Ludo est la..J’ai encore des hallu en passant la ligne…Pour la petite histoire, les hallu ne me quitteront que le lendemain matin après une nuit de sommeil. J’ai fait une sieste en rentrant , réveillé sous hallu , le soir au resto j’ai vu un mouton triste au-dessus du bar…En une poignée de secondes, tous les aspects négatifs de la course ont disparu, je suis la a Chamonix et c’est tout ce qui compte.Milles mercis a tous , et je voudrais remercier tout particulièrement une personne : Tom, mon podo (vous savez c’est lui qui a soigné les pieds de Walmsley, entouré de journalistes , la frontale sur le crâne ) . Thomas a ressuscité mes pieds après Euforia , grâce à lui et a son protocole de tannage, je n’ai eu aucun problème d’ampoules , son équipe a ressuscité une deuxième fois mes pieds a Courmayeur, alors que je ne pouvais plus courir ! mes pieds sont tels des chats , ils ont 9 vies . Merci Thomas je te dois pas mal de binouze pour tout caJe vais me reposer maintenant, voire mes proches , mes amis.. Une semaine après , je suis encore crevé , le boulot a déjà fait son travail dévastateur et d’épuisement, je n’ai pas recuperé les heures de sommeil perdues encore. Mais aucune douleur ni courbature. Repos, retrouver les potes, avoir une vie normale de coureur urbain qui se tape 2h30 de transport par jour pour aller bosser. Merci à tous, merci à ma bonne Etoile qui me protège..Et dans quelques semaine…Dossard #2246 ..la DODO Lé la ..Fou un jour Fou toujoursSi vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :