HALF IRONMAN DE CHANTONNAY (VENDÉE).
Quelques jours après le marathon de Paris 2014, je décide de me lancer un nouveau défi.M’engager sur un triathlon longue distance. Pour les néophytes, cela consiste à nager 1.9km, pédaler pendant 96km et conclure par un semi-marathon.Pédaler je me débrouille, courir je sais faire mais alors nager, c’est juste l’angoisse. Voulant me prouver à moi-même, ET SEULEMENT A MOI-MÊME que j’en étais capable, je fais donc le pas de m’inscrire. Nous sommes mi-avril et le triathlon a lieu dans 4 mois. Pour la prépa, je n’ai suivi aucun plan. (Entre mi-avril et le jour J)Course à pied : 51 séances ; 500kmVélo : 13 sorties ; 700kmNatation : 6 séances ; 7,50km. Veille de l’épreuve : Je récupère la combinaison de nat’ que j’ai louée chez Endurance Shop, une Zoot 3.0.Nager en combi’ permet d’avoir une meilleure flottaison. C’est exactement ce qu’il me faut étant un sacré boulet en natation. L’eau est annoncée à 22 degrés.Je l’enfile et m’entraîne à la retirer rapidement pour perdre le moins de temps possible lors de la transition. Cela ne m’a pas l’air bien sorcier à première vue.Je prépare les barres énergétiques que je scotche sur le cadre du vélo ainsi que les gels que je mets à mon porte-dossard. Tout cela me servira de repas pour la journée.La trifonction et les baskets sont prêtes, ainsi que les différents accessoires dont je vais avoir besoin (talc, serviette, Garmin 620, Garmin 800). Jour J : 06h45 : Le réveil sonne, ensuite p’tit déj complet mais rien de bien copieux. Dehors il pleut, la motivation n’est pas à son extrême.Je charge le vélo dans le coffre de la voiture et direction le Lac de Rochereau. 08h00 : Récupération du dossard avec à l’intérieur du sac un bonnet pour la natation et quelques goodies. 09h00 : Direction l’aire de transition pour installer tout le matériel ainsi que le vélo. Il pleut des cordes, je mets les chaussures de vélo et de running sous la chaise avec une serviette comme protection supplémentaire. 09h30 : Préparation du bonhomme, j’enfile la combi’ de natation. 09h45 : Briefing des arbitres. C’est bien sérieux tout ça dis donc… 09h50 : Direction le lac, chacun se jette à l’eau pour l’échauffement et voilà le moment où je me pose la fameuse question « Mais qu’est ce que je fous ici ??…. ». Je nage quelque peu mais sans plus. 10h05 : Comme conseillé par des amis triathlètes, je me suis mis à l’écart des fusées en partant de derrière.Le départ est donné et c’est tout simplement atroce. Des coups de pieds, des coups de poings, c’est pire qu’une bagarre de rue. Un type me nage dessus. C’est Bagdad. Et cela fait à peine 300m que je nage. Déjà une éternité. Je me mets sur le dos et regarde la berge, je me dis que faire demi-tour serait le plus simple…Je continue de nager à mon rythme, lentement mais sûrement. Ceux de devant sont déjà loin.Il m’est impossible de nager droit, l’eau du lac est sombre, je ne distingue pas les bouées, je n’ai aucun repère. Je m’énerve tout seul. Arrivé à mi-chemin, je n’ai pas d’autres choix que de continuer, mais je suis seul au monde. Seuls 2 nageurs se trouvent derrière moi.J’ai chaud et pourtant je suis dans l’eau. Le scratch de la combinaison est en train de me brûler la nuque avec les mouvements de bras. C’est horrible.Les derniers 400m sont interminables, je pense déjà au moment où mes pieds vont toucher le sol. Ras-le-bol de nager. Aucun plaisir.Enfin la terre ferme au bout de 55mn. A savoir que le temps limite est d’une heure.Je jette lunettes et bonnet pour rejoindre 300m plus loin l’aire de transition. Je suis défait et il reste 117km de course. Je prends mon temps pour enlever la combi’. J’enfile casque-lunettes-chaussures de vélo et je cours avec mon fidèle destrier jusqu’à l’arbitre qui me donnera le feu vert pour monter dessus.C’est parti pour 3 boucles de 32km. Il pleut toujours autant et il y a des bourrasques de vent, l’ennemi du cycliste.Sur la 1ére boucle, je suis seul de chez seul. Je râle car je me rends compte que j’ai pris énormément de retard à la natation. J’essaie de prendre un rythme régulier mais le parcours est très casse-pattes, truffé de relances et la pluie rend les parties techniques délicates à négocier.Je remonte des concurrents sur la seconde et troisième boucle mais j’en garde sous le pied car j’ai un semi à enchaîner derrière. Il est temps que le vélo se termine. Après 3h30 de selle, 97km au GPS et 900m de dénivelé positif, j’arrive de nouveau à l’aire de transition pour basculer sur la CàP. Le physique est bien entamé. Je change rapidement de chaussures et prends le départ pour le semi.Il est constitué de 3 boucles de 7km. C’est un semi mi-route mi-trail. Avec tout ce qu’il a plu, ça s’annonce cocasse.Je lance ma Garmin 620. Sur les 5 premiers kilomètres, les tendons d’Achille me brûlent, me cisaillent. C’est très douloureux. Je pense que cette douleur intervient suite au passage de la positon cycliste à la position runneur. Impossible d’avoir une foulée plus grande, impossible d’avancer à une allure convenable.Les montées et descentes me font mal aux mollets ainsi qu’aux cuisses.Je ne pensais pas subir la discipline où je prends le plus de plaisir habituellement.D’autant plus que j’ai très mal digéré les barres énergétiques. Elles me pèsent sur l’estomac.J’ai vraiment plus de jus. Il est temps, grand temps que ça se termine.Mon cerveau est sur « off », je cours pour courir. Je remonte pas mal de monde. Certains marchent, d’autres avancent au ralenti avec l’impression de tirer un boulet derrière eux. De nombreux concurrents doivent se dire la même chose que moi, « il faut être fou pour apprécier ces moments ». La 3éme boucle touche à sa fin, je sais qu’il me reste un dernier gros effort à fournir pour aller chercher la main de mon fils pour qu’il franchisse la ligne d’arrivée avec moi.Je le vois à quelques dizaines de mètres, je me sens sourire. Chose qui ne m’est pas arrivée pendant toute l’épreuve.On court main dans la main, il est très concentré. Et surtout très facile comparé à moi.Je termine le semi en 1h48. Nous franchissons la ligne d’arrivée ensembles. Je le prends dans mes bras, j’ai les larmes aux yeux. Je ne sais pas si c’est les nerfs, la fatigue, la frustration, la douleur ou la joie. Peu importe au final. Je le remercie d’avoir été présent, grâce à lui j’ai terminé. Il m’a donné une nouvelle fois l’envie et le courage d’aller au bout. Je m’assois au sol, je prends le temps de récupérer. Une bénévole me donne le tee-shirt de FINISHER. Oui je le suis !!Autant je ne comprends pas le mot FINISHER pour les 10km, les semis ou les marathons (Long débat), autant sur de l’ultra en trail, du LD ou XXL en triathlon, ce terme a beaucoup plus de signification. Encore une fois, cela n’engage que moi. Mon cardio n’aura jamais été vraiment sollicité hormis je pense à la nat’ (FC Moy Vélo 158 / FC Moy CàP 162), mais le plus rude aura été les douleurs musculaires. L’enchainement des 3 disciplines est quelque chose qui ne s’improvise pas. Je suis conscient de ne pas avoir été sérieux sur l’entrainement natation, ce qui m’a pénalisé en prenant beaucoup de trop de retard sur les concurrents. 6h15 d’efforts auront été nécessaires pour terminer ce premier triathlon longue distance. J’espérais le terminer en 5h30. Mais entre rêve et réalité, il y a un gouffre. Bizarrement, même si l’idée d’abandonner m’a traversée l’esprit plusieurs fois car vraiment déçu de mon classement à l’instant T, je n’ai ressenti à aucun moment une forme de dégoût pour ce sport.Bien au contraire même. Dans un futur plus ou moins proche, environ 7 à 8 mois, je tenterai un triathlon au format M. Chose que j’aurais du faire avant le LD. Mais je n’ai vraiment aucun regret. Il me reste 7 ans pour envisager un IronMan. Vous voyez, je ne suis pas si écœuré que ça….Si vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :