MARATHON DE CHEVERNY 2017
2 avril 2017Le jour de ce premier marathon, tant attendu après les 12
semaines de prépa avec la belle équipe des Fantastics était finalement arrivé… J’avais
une furieuse envie de découvrir enfin cette distance mythique et je me sentais
prête à vivre cette aventure.
J’ai le souvenir d’avoir toujours dit que je ferai un
marathon avant mes 40 ans, mais depuis un an j’y songeais de plus en plus,
alors je me suis laissée tenter par l’aventure et j’ai décidé de prendre un peu
d’avance sur mon défi (j’ai 37 ans dans 2 semaines :-D) J’avais deux
objectifs depuis le début de la prépa : me préparer en réussissant à gérer
la fatigue pour ne pas déstabiliser ma thyroïde un peu fragile, et finir le
marathon en ayant envie qu’il ne soit que le premier. Bien sûr on avait parlé
chrono pendant la prépa, d’après mes chronos sur semi, il paraîtrait que
« c’est raisonnable de partir sur 3h45 », j’ai donc travaillé sur ces
allures là au cours de la prépa. Forcément c’est dans un coin de ma tête, et je
me sens capable de le faire, mais c’est vraiment secondaire. La prépa s’est
bien passée, j’ai adoré toutes ces séances d’entraînement, on était toujours
nombreux et c’était vraiment de bons moments, alors maintenant
« yapluka » !!!
Depuis notre départ hier de Cherbourg, je suis sereine, j’ai
le sourire, je sais que ça approche… Le voyage Aller, le retrait des dossards
et la soirée se passent dans les rires et la bonne humeur. J’ai décidé de
courir avec mon sac, j’ai pris l’habitude de l’avoir avec moi en sortie longue,
je préfère boire par petites gorgées assez souvent qu’un gobelet plein tous les
5 km, c’est la seule chose qui me tracassait ces derniers jours, entre
« c’est trop lourd » et « il y a des ravitos », le sac me
rassure, donc c’est décidé, je pars avec mon litre d’eau et d’Aptonia, plus 2-3
gels.
Je dors finalement très sereinement, je me réveille en
forme, je prends quelques gouttes d’huiles essentielles et un spray de Fleurs
de Bach pour rester zen (merci Coco ;) ) et après le petit déjeuner nous
nous dirigeons vers Cheverny. Dans le village nous croisons d’autres amis de la
Manche, les grilles du château s’ouvrent, la musique me met encore plus dans
l’ambiance, petite photo de groupe devant le château (j’adore cette
photo !) et nous sommes prêts à partir ! Je me sens toujours aussi
bien, on est sur la ligne de départ, alors je souris… et nous voilà élancés…
Je ne savais pas ce que me réservait cette course, et elle
commençait sur les chapeaux de roue : après même pas 1km, voilà que
j’entends « Al-lez Anne, al-lez Anne, al-lez Anne !!! » et
j’aperçois mes parents sur le parcours, venus exprès m’encourager (5h de route
quand même) avec ma tante qui habite à quelques kilomètres ! Je l’ai crié
à tous mes coéquipiers « Hé c’est mon Papa et ma Maman ! » Là
vous ne l’entendez pas, mais c’était sur un ton légèrement hystérique « en
vrai » ! Mon Papa est marathonien et je suis fière qu’il vienne me
voir sur mon premier marathon. Je leur fais vite un bisou et me voilà toute
excitée pour commencer la course ! David est parti devant avec le groupe
des 3h30, je suis avec Claude, Lolo, Etienne et Fred, on est une vingtaine de
mètres devant le meneur d’allure des 3h45, mais on est beaucoup mieux, parce
que quand on se retourne c’est un gros paquet !! Tout va bien, la météo
est idéale, on est dans l’euphorie… enfin moi je suis carrément euphorique !!
Je sens un petit caillou dans ma chaussure, je ne veux pas y penser, je veux
continuer à vivre pleinement l’instant, mais je me dis quand même que ça sera
plus prudent de s’arrêter s’il me gêne plutôt que de souffrir plus tard, on
verra bien…
Le parcours est constitué de 3 boucles, la première est une
petite boucle de 4,5 km autour du village et du château de Cheverny, il y a un
peu de public, et Claude nous freine pour qu’on respecte l’allure fixée de
5’15, « c’est pas encore l’heure de taper dedans » nous dit-il… mais
Lolo nous annonce déjà que son cardio s’emballe un peu… On n’aime pas ça mais
ça lui arrive malheureusement régulièrement alors on le laisse gérer… Il dit
qu’il continue tranquillement en se fiant au cardio, nous commençons la deuxième
boucle à 4, je suis toujours bien, je me sens bien, je kiffe vraiment d’être
là ! (oui c’est un CR qui pue un peu le bonheur, le lecteur est prévenu…)
Nous traversons le bois sur un petit chemin. Le parcours est en faux plat
montant jusqu’au 9ème km, mais on est toujours en dessous de
l’allure et Etienne discute encore beaucoup comme à son habitude, tout en nous
faisant des petits plans vidéo. Après le ravito du 10, un coureur bordelais
nous tape la discute « Croyez-en mon expérience », Claude se fait un
ami :-D... On pense aussi au pote Guillaume qui a fait le semimarathon de
Bayeux 15 jours plus tôt et qui nous a raconté s’être fait envoyé balader par
un coureur qui lui a demandé de moins faire le malin à parler en courant, et on
continue de courir dans la bonne humeur. Claude me demande des nouvelles du
caillou… Je l’avais oublié, c’est bon signe, on n’y pense plus, et on garde
toujours notre rythme. « Le respect des allures » c’est notre
crédo :-D))
Après le 15ème km je revois mes parents, Etienne
en profite pour les filmer eux aussi et mon Papa fait quelques foulées avec
nous. Mais au 17ème, Etienne commence à sentir une douleur dans la
jambe et préfère ralentir, puis au 18ème c’est Fred qui ralentit un
peu. Me voilà avec Claude et nous maintenons notre allure, on est toujours en
moins de 5’10 au kilo, on passe le premier semi en 1h49’22’’, tout va bien. On
traverse de nouveau le village, le public est au rendez vous, il y a une super
ambiance, mais il faut encore se « méfier » de ne pas se faire embarquer
par cette ambiance, le plus dur reste à venir. Mon Papa refait une centaine de
mètres avec nous vers le 23ème km, il nous encourage et dit qu’on
est bien réguliers, et qu’il y en a qui ont moins bonne mine devant nous, ça
remotive. On entame la troisième et dernière boucle, qui reprend le passage de
la deuxième en commençant par un long faux plat de quasiment 5km…. C’est à ce
moment que j’ai le moins profité, entre 26 et 27, l’impression de ne pas
avancer dans cette partie du parcours… Après coup, il s’avère que je n’avais
pas baissé de régime, comme quoi nos ressentis peuvent être différents de ce
qui se passe en réalité. Finalement on était plutôt même très bien, vu le
profil de la boucle. Je discute encore avec Claude, je lève les bras au km 27 :
« Mike, record de distance battu », clin d’œil de Fantastics !
On continue tranquillement jusqu’au trentième, on s’arrête un peu au ravito, je
me force à chaque fois à boire quelques gorgées d’eau et je prends quelques
raisins secs. Claude me dit que c’est là qu’il faut se méfier, qu’on a géré
toute la prépa, qu’on est prêt, c’est juste dans la tête, il faut se concentrer
sur notre allure… Je ne dis rien mais j’appréhende, je viens de faire 2 km qui
m’ont paru longs, et j’ai pas envie que ça continue, alors je me concentre, je
me dis que le parcours est super agréable, que c’est là que je voulais être,
j’ai réussi jusque là, et la fin de la boucle est beaucoup plus roulante, donc
go go go, on continue comme ça et on profite encore, dans 12 km je serai marathonienne,
quoi qu’il arrive ! Au km 34 on retrouve encore mes parents et ma tante,
on discute encore avec mon Papa lors de ses quelques foulées avec nous, quoi
qu’il arrive à partir de maintenant, on se dit qu’on va réussir à finir en
moins de 3h45, même si on ralentit sur la fin… La matinée a bien avancé, le
soleil est de la partie, c’est super agréable, moi qui ai toujours froid, je
baisse même mes manchons, c’est pour dire J
Malheureusement au km 35, Claude m’annonce qu’il a trop chaud et qu’il va
ralentir, mais que je dois continuer comme ça. Je n’avais pas vu qu’il
commençait à être moins bien (il n’avait rien dit non plus l’animal !)
mais c’est vrai qu’on pense surtout à soi dans ces circonstances, je m’en
aperçois à ce moment là. Je me mets dans ma bulle et je repense à tout le
chemin parcouru, je suis de plus en plus sereine et heureuse, mais c’est pas
encore le moment de chouiner, alors je continue de courir, de savourer chaque
instant, je souris, et le public m’en fait même la remarque en m’encourageant
« Bravo Madame ! Et avec le sourire, bravo ! ». La fin de
la boucle est légèrement différente, ça me perturbe un peu quand même parce
qu’on n’a plus les repères du passage précédent, mais les km défilent. Je
surveille mon allure, à chaque km je refais mes calculs sur mon chrono
d’arrivée, je sais que je peux essayer de gérer en moins de 3h40, il faut
s’accrocher… On passe dans une cave à la sortie de laquelle il y a un ravito
« gastronomique » où je refuse de m’arrêter, je n’ai plus d’eau dans
mon sac mais je patiente jusqu’au km suivant pour prendre un verre d’eau, je me
force à m’arrêter, souffler, je remercie les bénévoles et je repars, il me
reste 3km, alors allons-y ! Le public est de plus en plus nombreux, je
souris toujours et encore, je pense à mes garçons, j’espère qu’ils seront fiers
de moi, et j’attends aussi le moment de retrouver mes parents, je sais qu’ils
seront là sur le dernier km. L’émotion monte, et soudain les encouragements du
public me font craquer, les sanglots arrivent, mais je continue de courir avec
le sourire, je tape dans les mains des enfants qui sont là en pensant à mes
garçons… Je me ressaisis sinon je ne vais plus pouvoir respirer, et là, mon Papa
est là, il se met à courir avec moi, il me dit qu’il reste 3 virages avant
l’arrivée, il me reparle de mon allure, que j’ai été super régulière, qu’il
faut faire le tour du champ avant d’en finir, je suis incapable de parler,
alors je souris encore… J’aperçois enfin le village marathon et je devine
l’arche, je veux tout donner, alors j’augmente encore mon rythme, mon Papa
coupe par le parking pour me retrouver à l’arrivée, et c’est ma Maman qui était
un peu plus loin qui m’accompagne, elle me donne la main sur quelques dizaines
de mètres, je m’en veux de lui avoir lâché la main après « Tu as couru 42
km et j’arrive pas à te suivre » me dit-elle gentiment, mais je voulais
tout donner jusqu'au bout, je l’entends dire au public qui m’encourage « C’est
ma fille ! », et je souris encore. Je passe devant la remorque
podium, dernier virage avant le tapis rouge… J’aperçois au bout le chrono
officiel, 3h39’37, il me reste quelques dizaines de mètres, je me dis que je
m’en voudrai si je passe au dessus de 3h40, ça ne serait pas un échec, loin de
là, l’objectif était de me faire plaisir sur mon premier marathon, c’est plus
que largement rempli, et je sais que j’en suis capable, alors j’accélère
encore, et je lève les bras au ciel, ça y est, je l’ai fait ! Je suis marathonienne !!!!!
Je passe le moment « chouinage » de remise de
médaille avec mon Papa qui me tient la main et ma Maman qui prend les photos…
Côté « performance », j’ai réussi le dernier défi lancé à quelques
secondes de l’arrivée : 3h39’50’’ au temps officiel, 3h39’27’’ au réel,
j’ai été régulière sur toute ma course, je n’ai qu’une minute de plus entre le
premier et le deuxième semi. Au classement sur les 880 arrivés, je suis 286ème
(et même 4ème SeF paraît-il !) Mais l’essentiel, c’est que j’ai
pris mon pied, un truc de dingue que je souhaite à tout le monde, quel que soit
son rythme. Je voulais profiter, me faire plaisir, et c’est le cas !!!!!!!
Depuis c’est que du bonheur, les retrouvailles avec les
Fantastics, on est tous finishers, le brunch au gîte, le retour… Au total c’est
plus de 24 heures où j’ai fait un plein énorme de souvenirs, de rigolades et de
bonheurs…
On est lundi soir, je savoure toujours autant, j’ai encore
plein d’étoiles dans la tête, j’ai refait tout le marathon dans ma tête la nuit
dernière et plusieurs fois encore depuis… et vous savez quoi ? La première
édition du marathon du 27 août à Barfleur me fait grave de l’œil…
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