MARATHON DE PARIS 08/04/2018
Le 9 avril 2017, j’ai couru mon premier marathon en 6H21, j’étais déçue, je ne me sentais pas marathonienne à cause la barrière horaire, j’avais l’impression d’être une imposture, je voulais ma revanche alors, je me suis inscrite pour l’édition 2018. Apres 8 heures de bus, je rejoins Pauline au salon du running pour récupérer le fameux dossard. Un moment intense, on est toutes les deux entre le rire nerveux et l’émotion qui fait monter les larmes. Un voyage entre l’excitation et la peur, c’est l’aboutissement de 3 mois d’entrainement, de sorties le soir à la frontale après une journée de boulot, de dimanche matin ou le réveil sonne à 7h…de sacrifices dans ta vie sociale, et à faire face aux railleries et aux regards ironiques de la part de tous ceux pensent que tu es folle, que tu n’as pas le niveau … Je profite d’ailleurs de ce compte rendu pour remercier Franck mon entraineur, Karen Sandra et Mathilde qui se sont relayées le dimanche matin pour rester avec moi dans mes sorties longues, Anne qui a du courir seule sans moi , Benoit et tous mes copains de mon club et un ami marathonien qui se reconnaitra dont tous ces conseils m’ont été précieux et tout mon Squad ApprentiRunnerSquad. Mon objectif rêvé 5H21, mon objectif réalisable 5H30. L’année dernière, je n’avais pas d’objectif de chrono, juste finir. Cette année la pression que je m’impose est différente et en même temps pas de naïveté, je sais ce à quoi de vais devoir faire face. Me voilà donc je jour J sur la ligne de départ avec des MPG (Marathon Paris Girls) la peur au ventre. Un claping géant commence, je lève les bras en rythme en espérant faire taire ma petite voix intérieure qui me dit que mon objectif est très ambitieux peut être même trop … Cette petite voix qui insinue le doute et qui d’ailleurs ne me quittera pas beaucoup pendant tout le marathon. Les filles ont l’air confiantes, tout le monde a l’air d’être à une grande fête. Un sentiment de solitude vient me piquer comme une guêpe, l’année dernière mon amie Steph était de l’autre coté des barrières, elle me souriait en levant les pouces et je savais que sur le parcours ma team serait sur le parcours pour m’encourager. Cette année se sera différent. Je vérifie ma montre, mets la musique et ca y est je suis prête. GO, c’est parti, le départ est donné, je m’accroche à Aline et une autre fille du groupe MPG en essayant de surtout ne pas dépasser mon allure cible de 7:30 pour ne pas me griller. Je reçoit au 2eme km un appel téléphonique d’un ami qui me donne la pêche et le sourire…il m’encourage et me dit qu’il croit en moi, que je vais le faire et me donne des conseils précieux que je vais suivre tout au long de mon marathon. Je m’arrête au premier ravito, je prends mon 1ergel, je bois et je repars. Je perds une des filles et promets de rester avec Aline, promesse que je ne pourrais pas ternir. Je la lâcherais définitivement 3 km plus loin. Je viens d’apprendre qu’elle finira son marathon en 6H18. Parfois sur un marathon on rencontre des belles personnes. Elle vient tout juste de me contacter sur FB, je suis heureuse de l’avoir retrouvée. 8eme km je pars donc seule, je me sens bien, j’arrive a tenir mon allure, même un pu rapide.Le Château de Vincennes me rappelle le semi couru un mois avant, je refais le parcours en sens inverse, une partie du parcours agréable pour moi, je cours avec le sourie, je prends espoir. Les km se déroulent, il fait chaud, très chaud, je plonge ma casquette dans des seaux d’eau et me la renverse sur la tête à chaque arrêt épongeage et avec délectation, je passe sous les tuyaux d’arrosage. Je ne passe pas loin de l’appart-hôtel ou je séjourne quand je vais à Paris, je souris et je continue à courir toujours un œil sur la montre pour ne pas trop accélérer. D’ailleurs ma montre commence à perdre un peu de précision. J’aime l’idée du PACE BAND mais impossible de le lire sans lunette alors j’ai écrit en gros sur mon bras mes temps de passage, je vois que je ne suis pas trop mal alors je garde le même rythme. Je m’arrête à chaque ravitaillement et respecte scrupuleusement le même rituel, sportenine, gel et bouteille d’eau pour garder l’eau de mon camelback pour boire entre chaque ravitaillement. Je ne me souviens pas bien du parcours, je suis dans un état second, centrée sur la musique et la ligne verte. Parfois j’ai l’impression de me perdre en elle, de me fondre à l’intérieur de cette ligne. Elle est mon fil conducteur, mon fil d’Ariane. Je m’oblige à lever des yeux de temps en temps, la cathédrale Notre Dame à ma gauche et la Tour Eiffel, je vois des coureurs s’arrêter pour prendre en photo la vieille dame de fer. Mon moral fait le yoyo, je passe de la concentration la plus extrême à un sentiment de solitude énorme. Les quais de Seine, avec leurs tunnels, je me souviens des conseils d’un ami alors je marche dans les côtes et repars dès que je suis en haut. Je me rends compte que je perds un peu de temps mais que je reste « fraiche ». Cela me rassure. Au 31eme km mon téléphone sonne, beau-papa qui a oublié que je courais un marathon s’inquiète que ma mère ne décroche pas son téléphone. Comme elle sort d’un gros problème de santé et de l’hôpital, je stress, je panique je finis pas lui téléphoner pour me rassurer. Tout va bien Ouf Les jambes commencent à être lourdes, mais je continue.Je me rends compte que dés que mes pensées sont négatives mon allure ralenti, alors je m’efforce à rester positive. Je me récite des mantras : - Chaque pas te rapproche de l’arrivée, - Tu peux le faire tu vas le faire…. Et d’autres plus personnelsParfois je n’y arrive pas alors pour arrêter de penser, je compte mes foulées tout est bon pour faire taire mes doutes. J’admire les coureurs qui sont surs d’eux. 32eme km, mon amie Karen me téléphone, elle suit ma progression sur internet et me coach à distance, elle me connaît, elle sait que je risque de partir en vrille. Mon manque de confiance en moi peux, non, est mon pire ennemi. L’arrivée au bois de Boulogne, j’ai des crampes aux muscles intercostaux, c’est douloureux, je commence à avoir les larmes aux yeux. Je retrouve la coureuse du début que j’avais perdu de vue au 1erravito, elle me conseille de me redresser, d’ouvrir les épaules et respirer. 35, 36, 37 je me sens terriblement seule, je suis dans un monde parallèle, mon esprit divague. Mon amie Anne me téléphone, je l’écoute, je lui demande combien de km il me reste alors que je le sais mais je commence à ne plus être lucide… limite obsessionnelle. Elle m’encourage, me motive comme elle peut mais je sens que je perds pieds. 38eme km « Karen au secours je pleurs », je pense que je ne vais pas finir, je suis dans un état où seule sa voix à l’autre bout du téléphone arrive encore à me garder lucide. Je suis dans une souffrance, une fatigue que je n’imaginais pas ressentir. Je pleure comme une enfant perdue. Je la supplie de ne pas me laisser. Je transforme la distance restante à courir en nombre de tour de stade, 5 tours, 4 tours, 3 tours…c’est rien, je peux le faire.A 200 m de l’arrivée, je vois Jérôme, un collègue, et je lui tombe dans les bras secouée par des sanglots, il me dit de regarder l’arrivée, elle est là, je la vois mais comment l’atteindre ? Je cours toujours si on peut appeler ça courir. Une crampe à la cuisse me terrasse, je manque de tomber et toujours cet arche devant moi. Karen continue à me parler. Elle fini par pleurer avec moi et voilà la ligne, je lui ça y est, la moquette verte, la ligne d’arrivée, c’est fait.5H41 Mon marathon est fini, une page de vie vient de se tourner. Pour être honnête, la prépa marathon me manque déjà. J’ai réussi, j’ai bouclé mon 2eme marathon dans la limite horaire, pas dans mon objectif mais avec 40 min de moins que l’année dernière donc mission réussie. Le marathon, mon Saint Graal oui et non, oui car aller au bout de moi-même et passer la ligne est juste une émotion indicible. Dommage de n’avoir eu personne avec qui partager mon aventure une fois la ligne passée ni famille ni amis. En referais-je un ? Dimanche, je disais fermement non, aujourd’hui je ne sais pas….L’avenir le dira. Le Marathon de Paris c’est avec le recul, une course que j’aime. Je reste persuadée que je peux faire moins de 5H30.J’ai eu du mal à l’écrire l’année dernière mais je peux cette année dire que la tortue est devenue marathonienne. Marie MarathonturtleSi vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :