MON CHALLENGE ALMERE – AMSTERDAM (12/09/2015)
Préambule : j’ai encore dans la têtemon abandon à l’IM de Zurich en 2013 pour « coup de chaud » et manque
d’expérience certain. Je dois garder sa comme une motivation et ne pas reproduire
certaines erreurs.
J’ai aussi en mémoire ma chute en
vélo du mois de mai (Disjonction-acromio-claviculaire) qui m’immobilise pour un
mois et qui entraine quelques changements et allégement de ma préparation.
Voilà ce qui se passe dans la
tête d’un triathlète amateur moyen, sans prétention de résultat, qui prends le
départ d’un triathlon distance Ironman, en rêvant de devenir Finisher, tout
simplement.
J-1 :
Mon papa m’accompagne. Nous
quittons donc le nord de la
France vers 9h30 pour arriver à Almere vers 13h00 en roulant
tranquillement.
Arrivé sans encombre à 13h sur
place, un grand parking à 100m du site (Esplanade) nous permet de prendre très
vite nos marques sur les lieux de l’épreuve (payant mais des tickets sont
vendus par l’organisation et permettent de passer la journée à moindre couts).
Franchement, c’est limpide !
L’expo, les parcs à vélo, départ
natation, les bouées,…et c’est beaucoup moins cher que sur les labels ironman
que j’ai pu faire.
Après une salade de pates et
compote mangées au soleil, je vais tranquillement chercher mon enveloppe, chip
et coupe vent auprès des bénévoles super sympa et souriant.
Après quelques photos, je vais
préparer mon vélo et le dépose dans le parc dès 14h30.
Ça c’est fait !
Direction l’hotel Bastion à 15min
en voiture de l’esplanade ou je prépare mes sacs (bike, run et after race)
avant une petite sieste.
Vers 18h00, on retourne en centre
ville pour visualiser le départ de la
CAP et trouver un resto avec des pâtes. Lasagne pour moi,
pizza pour papa et au lit.
Le jour J :
Je suis assez tranquille, j’ai
bien dormi malgré le stress. Levé à 4h30 pour manger (2 gâteaux de riz,
gatosport, un café et un jus d’orange. Je me mets en tenue.
5h45, nous partons pour
l’esplanade. Je suis sur place à 6h, je prépare mon vélo (bidons, barres,
sandwich, 9bars dans les boyaux et je vais poser mes sacs de transition dans la
« transition bag ». Ce n’est pas une tente, c’est un local sous la
route. C’est top ! Puis mon sac d’après course. On va se mettre au chaud
avant le départ.
7h15, on y est ! La combi
s’enfile, les pros partent. Garçons, filles et nous.
SWIM
J’ai envie de nager et les
premières sensations sont très bonnes. On voit très bien dans l’eau donc moins
de risque de prendre des coups. L’eau est bonne. Le premier tour se fait aux
sensations qui sont excellentes. Je me dirige bien et je me rends compte qu’il
y a beaucoup plus de personnes derrières que devant. Ça motive mais je reste
calme car j’ai encore des bornes à faire après. Je sors de l’eau en 1h08', pas
entamé du tout avec 12’
d’avance sur le temps prévu. Transition sereine, je mange une barre.
BIKE
C’est parti pour les 180km de
vélo. Les premiers kilomètres se font vent dans le dos et je reste raisonnable
sur la pédale. Je prends vraiment mon pied et je suis très concentré.
km5, premier ravito. Les mecs
prennent déjà de la bouffe ou à boire. Je trouve ça étrange car j’ai tout ce
qu’il faut moi. Je me déporte légèrement à gauche sur cette piste cyclable et un
gars passe en trombe sur ma gauche, se rabat en touchant ma roue avant et me
faire tomber.
Je l’insulte, il ne se retourne même pas. Je me relève avec une béquille au
mollet (la selle a tapé) mais ça a l'air d'aller. Je me relève et repart.
20km plus loin, ma cote me fait mal et ma main et toute bleu et ça lance un
peu...le vélo a du l’écraser en tombant.
Quelques idées noires en tête mais, "Arrête de cogiter, tu peux rouler,
finis le vélo !"
Nous bifurquons sur la portion en
front mer avec vent de ¾ face. Ça pique mais le petit 30km/h est maintenu. Ce passage
au second tour sera plus difficile si le vent se lève encore.
Je roule et plutôt bien malgré le vent de pleine face en direction du sud mais
je suis toujours prudent et j'essaie de
ne pas me crisper ! Fin du premier tour, on remet ça !
km120 : pause sandwich et avis médical pour ma main "ce n’est pas
beau!". Je demande un strap et je repars avec le sourire. Je suis inquiet
car ma cote me fait souffrir de plus en plus dès que je me redresse. « Bah,
reste en position aéro gros malin ». Elle devient un peu dure à tenir
mais on sert les dents.
Je reste cependant dans ma course, j'ai envie et je me sens bizarrement bien
physiquement. Si seulement je n’étais pas tombé ? Si ma femme savait
ça !! Et ma mère ? Elles bruleraient ma licence.
km170 : il est temps de se préparer psychologiquement à courir...vais je y
arriver ? Vais-je pouvoir finir en courant ?
Je pose le vélo en 6h33'..., le vent est assez terrible dans le Flevoland ;o)
et les jambes sont vraiment pas mal ;o). Ma « fraicheur » physique à
la fin du vélo me surprend. Je n’aurais jamais cru être aussi frais. Transition
calme…
RUN
Les premières foulées sont un calvaire pour mes cotes et les pensées sont
vraiment noires. Le doute s’installe mais la volonté et les mots du papa le
fait disparaitre.
Pas de panique ! J'essaie de
trouver un rythme pour avancer en courant, ne pas marcher et subir, j'y tiens
vraiment.
Au bout de quelques kilomètres (4 exactement, "tiens, j'ai déjà fait 4
bornes ?"), la douleur s'estompe et puis de toute façon, j'ai mal à peu
prés partout même si les jambes vont plutôt bien...j'hallucine complètement et
je cours les 6x7km en marchant uniquement aux ravitos (eau, coca, TUC), sans
penser une fois aux séquelles de ma chute....Je croise un V4 de Valenciennes
qui « galope » et qui a deux tours d’avance sur moi. Je parle
anglais, allemand même (Je pense à ma belle sœur, mon beau frère et leurs
enfants bavarois). Je prends les tours les uns après les autres en marquant
bien ma progression en croisant papa (1, 2, 3, 4,…). A chaque passage devant la
l’arche d’arrivée je lui dis : « t’inquiète pas toi,
j’arrive ! ». J’ai rarement été aussi déterminé de ma vie.
Dernier tour, je suis porté par l'émotion, j'entends des « Congratulations »
et « It’s your last round ? Enjoy it ! » à chaque ravitos
!! Je frissonne, pleure, gorge serrée, je serre le poing. Ce n’est pas un
mythe, on repense vraiment à énormément de choses quand on sait que l’on va
aller au bout. Les beaux moments et les moins bons. Ils ont forgé le caractère
et la volonté que j’affichais aujourd’hui. J’accélére les deux derniers
kilomètres car je crois pouvoir passer en moins de 13h ce qui était franchement
un objectif inavoué !
5h01 plus tard, je passe la ligne....I'M AN IRONMAN ! 12h59'57'' ! Cette
sensation est extrême et d’autant plus que je l’ai mainte fois ruminé depuis
2013. Quel plaisir ! Je tombe en
larmes dans les bras de mon père (en larme aussi). Je veux ma médaille !
Je remercie en 3 langues…les 20min qui suivent se passe de commentaires.
Après une douche, des vêtements
chauds, j’appelle ma femme et je pleure, ma fille me félicite et me dit qu’elle
m’a suivi toute la journée. « Comment elle est ta médaille ? »
Je mange ensuite au magnifique
buffet du « Athlete Paradise ». Je souris et pleure aussi devant tous
les messages que mes proches m’ont laissé…Je l’ai fait ! Je récupère mes
affaires, mon vélo et en une demi heure, tout est dans la voiture et nous
rentrons.
Comme d’autres français, je ne
comprends pas pourquoi nous sommes si peu représentés sur cette course. Peut-être
le calendrier ?
Vraiment rien à dire de (à part le con qui me fait tomber !!!!), super
course, super parcours, super organisation, super public. A faire sans hésiter
un instant !!!
Pour la fin de l'histoire, le dimanche, je suis allé aux urgences pour ma
main...double fracture. Quelques jours après, c’est un détail :o))
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