PART II: MON DEUXIÈME SEMI... LES CHAMPIONNATS DE FRANCE
Pour reprendre la fin du premier article, "j'ai bien choisi mon année"... Sauf quela Martinique c'est bien (enfin je ne connais pas encore mais je n'en doute pas !)
mais c'est loin ! Et même si je ne suis pas la seule du club à être
qualifiée, j'ai bien conscience que ça va pas être pareil... Et pour plusieurs
raisons !- la météo
de Cherbourg est "légèrement" différente de celle de Fort de France- ça me
fait quitter la maison et mes "pirates" de 3 et 6 ans presque une
semaine et il y aura un océan entre nous... (mère indigne... qui culpabilise un
peu mais qui ne veut quand même pas rater ça…)- Thierry
ne pourra pas être là, et l'absence d'un entraîneur sur une course c'est un soutien
énorme en moins- les 2 copains du club qui
m'accompagnent devraient mettre au moins 25 à 30 minutes de moins donc c'est
pas avec eux que je vais courir...- accessoirement,
j’ai eu une autorisation d’absence exceptionnelle du boulot, donc je ne peux
pas me permettre d’y aller en touriste non plus… Et donc
il va falloir que je gère ce deuxième semi marathon toute seule (même si
j'imagine bien que je ne vais pas être la seule à courir !) :
l’hydratation et les ravitaillements, la gestion de l'allure, mine de rien
c'était autant de choses en moins à gérer la première fois grâce à
l'accompagnement des Fantastics ! Mais
voilà, ça approche, nous voilà à J moins 7… entre impatience et pression qui
monte ! Bien sûr
les Fantastics m'ont accompagnée pendant tout le plan d'entraînement, c'est pas
le genre de vous laisser seule, ils ont fait en sorte que je sois prête pour
cet événement, malgré une thyroïde qui essaie de me jouer des tours, qui essaie
de m'affaiblir mais que je ne veux pas laisser gagner ...Et pour
toutes ces fois où j'ai laissé les pirates avec leur papa pour que maman aille
courir alors qu'ils avaient envie que je joue avec eux... Alors
voilà, je vais le courir ce semi... Je veux y arriver, je veux me faire
plaisir... mais je ne peux pas le faire sans penser à tous ceux qui ont permis
que je sois prête pour le faire... Et je sais que ça me donnera l'énergie pour
aller au bout... Fort
de France… Mon deuxième semi marathon, et une participation à des Championnats
de France… Octobre 2015 Jeudi
1 octobre. Me voilà à Orly… Dernier clin d’œil à mes amis Fantastics avant le
décollage : je change ma photo de profil par un avatar créé par
Mike : un personnage Catwoman (Playmobil forcément) devant une affiche du
semi de la Martinique... Nous y sommes ! Arrivée
à Fort de France sous 33 degrés… On avait quitté Cherbourg la veille avec 11
degrés, le choc est violent ! Dès le vendredi matin, petit footing avec
Victorien et Yoan pour se détendre les jambes après le voyage et s’acclimater à
la chaleur… Verdict qui sème la panique dans les rangs et chez les autres
coureurs de l’hôtel : après 10min de footing lent en 5’30 au kilomètre, on
est en nage, dégoulinant et sans « jus » dans les jambes pour aller
plus vite… Pas mieux le samedi matin, on se demande vraiment comment on va
pouvoir faire 21km dans ces conditions… On savait qu’on aurait chaud, mais
franchement on ne s’attendait pas à "ça", et on se dit que tant qu’on
ne l’a pas vécu, on ne peut pas l’imaginer… On appelle au secours Thierry,
notre coach, c’est pas possible de régler nos timers comme prévu, la course
n’est définitivement pas en métropole !! Il nous fait confiance et nous
dit de faire au mieux… Comme ça ne changera pas grand-chose, et qu’on est quand
même à la Martinique, on s’autorise un petit apéro (rhum forcément :p ) au
bar de l’hôtel, et on en profite pour passer une super soirée ! Le
samedi, c’est le jour du retrait des dossards à Fort de France, visite du
village du semi, photo avec les maillots et les dossards pour le club… La
course n’est pas commencée mais la pression monte aussi vite que la température
et l’humidité ambiante…Le
samedi soir, après un bon fou rire à la supérette du coin devant les spécialités
créoles (groins ou autres queues de porc qu’on n’a pas osé goûter…), nous voilà
devant nos coquillettes sur le balcon de la chambre. On est détendus par
l’ambiance "île paradisiaque, piscine, vue sur mer, cocotiers, etc"
mais pour la course on est vraiment devant l’inconnu, alors on se dit qu’on va
faire de notre mieux, la seule chose étant de veiller à rester bien hydratés
pour finir le mieux possible, et advienne que pourra… Jour
J. Dimanche 4 octobre. 4h du matin. L’hôtel accueille plusieurs coureurs, et a
exceptionnellement ouvert le restaurant pour le petit déjeuner. Nos voisins
semblent déjà concentrés et bien silencieux. Un bus est prévu pour nous emmener
à Fort de France, 1/2h de trajet où chacun finit de se préparer et essaie de
prendre encore un peu de repos…Avant
le départ, un léger échauffement suffit, il fait déjà 29 degrés… Nous voilà enfin
dans les Sas … et à 6h, c’est parti ! Il y a déjà beaucoup d’ambiance
autour de nous, les Martiniquais vont nous accompagner tout au long de la
course, ça me motive, je suis dans ma bulle, je me répète que "je vais y
arriver"… On
part doucement, il me faut 24’’ pour passer sous l’arche de départ, je me dis
"tant pis, le but aujourd’hui c’est pas le chrono mais de finir"… On
apprendra après la course qu’il y a eu une grosse chute au départ… Les 2
premiers kilomètres passent lentement, je ne sais pas si je dois aller plus
vite, il fait déjà très chaud… Mais peu à peu je trouve mon rythme et part sur
les bases de mon premier semi, je suis bien, je continue tant que ça va… Fin de
la première boucle de 6km, on repasse devant le départ, à l’affichage il fait
déjà 36 degrés… 10
kilomètres. Je garde toujours mon rythme d’environ 4’50/km, je passe en 48min45.
Tout va bien. Le soleil tape franchement. Je ne rate aucun ravito et je prends même
2 bouteilles d'eau à chaque fois, une pour me vider sur le corps, une que je
garde à la main pour boire régulièrement des petites gorgées... Je me dis que
tout va bien, qu’il faut continuer comme ça… Et
puis au 12ème km, plus rien. Sans prévenir, je n’ai plus de jus. Les
abandons autour de moi se multiplient. J’ai l’impression de ne plus avancer
mais je me dis que malgré tout j’ai déjà fait plus de la moitié, et que je
continue de doubler, ceux qui sont autour de moi semblent finalement moins
bien, je me remotive et continue, je me dis que je peux ralentir, tant pis, il
faut mieux reprendre des forces et si ça va mieux sur la fin j’essaierai
d’aller un peu plus vite. Sur mon premier semi j’avais gardé des forces pour
finir, je me dis que je vais faire pareil. Mais
les 3 derniers kilomètres sont durs, je sens que je n’y arrive plus. Je n’ai plus
de jus pour aller sous les 1h45. C’était l’objectif qui me faisait tenir depuis
le 12ème, mais mes orteils viennent à leur tour me faire souffrir
assez violemment… Allez, j’ai fait 18km, je vais pas arrêter là… Tout se joue
dans ma tête à ce moment là, chaque kilomètre gagné est une victoire, j’ai
traversé l’océan pour la finir cette course, alors je continue, et je double
encore des coureurs, nombreux à être fatigués aussi… Le public martiniquais est
toujours nombreux "allez Madame couwage"…
Le dernier kilomètre me paraît interminable, et je franchis l’arrivée en
1h 45min et 33 secondes. Je ne
peux pas m’empêcher d’être déçue de mon chrono, ça se verra même sur les photos
officielles de l’arrivée… Je voulais faire mieux que ça, mais vu les conditions
climatiques infernales et le nombre d’abandon des autres coureurs, j’essaie de
me dire que c’est bien quand même… Et puis soudain, cette émotion qui me
submerge, je suis sur le front de mer, tout le monde se jette à l’eau pour se
rafraîchir, les podiums qui se préparent, le speaker qui n’arrête pas de
parler… Ça ne prévient pas, mais l’émotion est là, et oui, je suis là, j’ai
participé à des Championnats de France de semi marathon… C’est quand même "quelque
chose" d'avoir pu participer à cette grande fête du sport... une première
participation à des France, je suis sûre que je ne l'oublierai jamais! Alors
quoi qu'en disent certains journaux lus plus tard, même si c’était à la
Martinique et que certains ont cru que c’était des vacances, cela a été un vrai
événement sportif pour moi (et j'espère que mon inspecteur ne pensera pas le
contraire en lisant les journaux sinon il ne me laissera pas repartir... car
j'ai bien l'intention de continuer à courir sous les couleurs de l'ASC!) C’était
vraiment un événement magique, avec une super
organisation, des Martiniquais qui avaient à cœur de nous montrer qu’ils
étaient capables d’organiser un événement de cette ampleur, et c’était,
vraiment, réussi ! Je cherche les garçons, je m’inquiète de ne pas les
voir… Je les retrouve enfin, le chrono affiche 2h15… Ils commençaient aussi à
s’inquiéter de ne pas me voir et pensaient que j’avais souffert de la chaleur…
Ils sont aussi contents de leur course malgré les conditions ils ne mettent
"que" 3 min de plus que leurs temps (ils ont mis 1h17 et 1h18…) C’est bon, on est tous les 3, on enlève juste les
baskets et le maillot du club qu’on pose sur le trottoir et on plonge dans la
mer, comme tous les autres coureurs… Enfin le rafraîchissement ! Pour
avoir une idée, 50' après l'arrivée je dégoulinais encore de sueur de la tête
aux pieds, comme si je sortais d’une piscine… A force d’avoir tenu ma bouteille
d’eau, mes doigts sont tous fripés comme si j’avais pris un bain… Je n’ai jamais
tant transpiré de ma vie ! Comment ça on peut transpirer des avant-bras et
des mollets ? En Normandie c’est juste pas possible… Les résultats sont affichés assez vite. Par rapport
aux autres engagés de la course, je suis finalement assez contente car j’ai
amélioré mon classement. Sur l’ensemble des femmes, j’avais le 172ème
temps des engagés et je finis 87ème, et en Senior j’avais le 75ème
temps et je finis 41ème, le contrat est rempli… même si j’ai encore
du mal à digérer les 33’’ qui m’auraient permis de me qualifier directement
pour les France de l’an prochain ! En tous cas, on a donné le meilleur de nous 3 pour
bien représenter le club, et on s’est fait plaisir malgré tout, on était
contents d’être là… Et puis avec tout ça on espère bien arracher des tops
chronos en métropole !! Car vous l’aurez compris, maintenant que j’ai
goûté aux semi marathons, c’est pas fini... J’espère que j’en ferai un autre
avec les Fantastics ! Je commence aussi à penser à faire un marathon d’ici
quelques temps… Bon là, il faut que je récupère un peu, je découvre
mes orteils avec 2 pinçons sur chaque pied, mes chaussettes ont tellement pris
l’humidité que les échauffements sont au rendez-vous… Je rentrerai pieds nus
jusqu’au bus puis à l’hôtel, de toutes façons maintenant c’est maillot de bain,
plage, piscine, pizza, glaces et rhum !
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