StCyrre

Une petite goutte de sueur

À propos de l'auteur

papa, juriste, courre, aime ça et n'en revient toujours pas. J'aime le sport, les voyages, la bande dessinée, et devient tout doucement technology addict !...

 

 PORTRAIT DE LA SEMAINE

aliamari.jpg

Mon portrait

Je m’appelle Ali alias Ali_RunHappy. Je cours par amour et plaisir de vouloir partager ma passion avec la communauté de la course à pied ...
Lire la suite...

StCyrre

Message @StCyrre
Une petite goutte de sueur - Mon article d'entrainement

UNE PETITE GOUTTE DE SUEUR

Je me souviens encore merveilleusement bien de mes premières vraies foulées. Pas les foulées de ma jeunesse, mais les premières vraies foulées, celles qui m’ont convaincues que je courrai de nouveau. En juillet 2012, nous avions enfin réussi à envoyer nos deux enfants chez leur grand-mère afin de pouvoir profiter d’une semaine en amoureux chez nous, à Paris. Rien d’extraordinaire mais pour nous, cette semaine, celle de nos dix ans de mariage, la première à deux depuis trois ans, avait un goût de liberté absolument exaltante. Je n’étais pas encore en congé mais nous allions pouvoir sortir au restaurant, aller au cinéma, au théâtre, faire une ou deux vraies grasses matinées le week-end à venir, et surtout comme ma femme me l’avait demandé, aller « courir » (sic) au parc Suzanne Lenglen à cinq minutes à pied de chez nous. Courir ? Faut vraiment que je sois raide dingue pour accepter d’y aller moi qui n’ai aucun plaisir à le faire (faire renvoi premier billet). Par ailleurs, je n’aime pas particulièrement ce parc Suzanne Lenglen. Cet espace est à vocation sportive et les quelques pelouses entourant les différents stades et terrains de tennis sont en fait de petites buttes inconfortables qui n'appellent pas vraiment le promeneur à venir piquer un petit roupillon. Rien d’attrayant. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur et réalisant qu’en matière de chaussures de sport ne je ne dispose alors que des mes chaussures de foot, je décide d’aller chez Decathlon et de m’acheter une paire de baskets pour « courir ». Au pire, me dis-je, ça me servira toujours pour les fois où je joue au ballon avec les enfants ou quand on fera du vélo ou si je me remets au tennis cet été, ce sera ma paire de baskets à tout faire quoi. Ayant un pied à priori normal (je ne m’en suis jamais plains en tout cas) et n’envisageant pas de courir plus d’une demie heure (et encore, faut pas déc…. donnez moi une façon plus insupportable de perdre 1800 secondes de ma précieuse vie) je choisis non pas le premier prix mais le modèle juste au dessus, pour « coureur amateur pratiquant 30 minutes par semaine », car « et ben oui m’sieur, j’ai déjà fait du sport moi ! ». Arrive le jour dit, je fais en sorte de rentrer suffisamment tôt du travail pour le petit jogging prévu par "ma dame". Je m’équipe et nous partons en trottinant gentiment. Je suis à la fois un peu déçu car j’aurai préféré que nous fassions autre chose et en même temps curieux de commencer. Nous rejoignons le parc et notamment le stade d’athlétisme où mon épouse aime bien courir car il n’y a pas de promeneurs, de vélos ou de trottinettes à éviter. Je la suis docilement, nous trottinons toujours l’un à côté de l’autre, l’allure est calme. A ma grande surprise, je ne suis pas particulièrement essoufflé alors que je suis fumeur depuis maintenant presque vingt ans et que j’ai arrêté tout sport régulier depuis déjà douze ans. Il fait beau, pas trop chaud. Nous rentrons dans le parc et rejoignons le stade et sa piste ocre. Le ciel est encore bleu, les arbres qui ceinturent le stade commencent à s’éclairer d’une jolie lumière jaune tirant doucement sur l’orangé. La soirée débute tout juste, le soleil est encore présent. J’observe avec curiosité les joggers qui vont et viennent sur le stade, ceux qui s’étirent sur la pelouse du terrain de rugby autour duquel courre la piste d’athlétisme. Je remarque un homme et une femme, à priori un couple, sur la piste. Ils sont 200m devant nous, à l’arrêt sur le premier couloir. Lui fixe quelque chose sur son poignet, à priori une montre ? Elle est deux ou trois mètres derrière lui, concentrée, le corps tendu, prêt à démarrer. Je les vois tout à coup partir d’un seul mouvement, comme si ils ne faisaient qu’un, comme si un pistolet starter n’avait explosé que pour eux, coup de feu silencieux dans le calme de cette fin de journée. Ils courent vite, l’un derrière l’autre, beaucoup beaucoup plus vite que nous en tout cas. Ils font un peu plus d’une moitié de tour de stade et ralentissent en marchant tranquillement les mains sur les hanches, essoufflés puis trottinent en coupant à travers le terrain pour se remettre en position au même endroit pour recommencer. Drôle de manège, ils s’entraînent c’est sur mais à quoi ? Tout à mes interrogations, je continue à jogger en les regardant et nous sommes parfois doublés par ce couple qui file à une allure folle sur ce qui me paraît être plusieurs centaines de mètres. Quand à nous cela va faire presque vingt minutes que nous courons. Je commence alors à ressentir une petite goutte de sueur se couler dans mon dos. Comprenez bien, j’ai alors 37 ans, je travaille à Paris depuis presque douze ans et cela fait douze ans que je n’avais plus ressenti le plaisir de cette sensation presque imperceptible de goutte de sueur. Comme tout le monde, je sue, je prends les transports en commun en région parisienne (n°1 au top 50 des envies de prendre une douche en arrivant au bureau l’été, à peine le temps d’apprécier enfin l'arrivée du soleil qu’on en regrette déjà la chaleur qui l'accompagne) ou lorsque je suis en plus obligé de me presser ou alors quand la climatisation de me bureau me trahit…. Dans ces cas là, je n’y ressens aucun plaisir bien au contraire, la goutte de sueur est une conséquence biologique désagréable de ma condition d’être humain. Elle est résultat d’une hausse de ma température interne que mon corps évacue pour la réguler, elle n’est somme toute qu’une autre forme d’excrément, n’est ce pas ? Si je suis en costume, elle est annonciatrice de disgracieuses tâches sur ma chemise pourtant soigneusement repassée. Elle précède un duel toujours redouté avec mon déodorant et dont l’issue fatale incommodera d’abord, et j’espère seulement, ma fierté. C’est la principale raison pour laquelle, quand il fait 40 degrés dehors, des "costards-cravates" comme moi gardent leurs vestes… Pour vous épargner nos miasmes et nos auréoles sous les bras ! On est peu de choses sous l’implacable et universel regard plombant du soleil ! Mais à ce moment là, dans ce soleil de soirée d’été, sur cette piste couleur de terre, en tenue de sport, mes baskets neuves au pied (tiens un début de fierté enfantine ?), cette goutte de sueur m’est apparue tout simplement parfaite. A ce moment là, elle est instantanément devenue pour moi ma madeleine, ma première gorgée de bière. Je la sens encore apparaître, se frayant d’abord doucement un chemin le long de mon dos, entre mes omoplates pour venir glisser dans le creux de ma colonne vertébrale, telle une luge sur une piste de neige puis me chatouiller subrepticement les reins avant de mourir dans l’élastique du short. De façon parfaitement inattendu, alors que cette sensation est habituellement désagréable, je la trouve alors "juste", "à sa place", en parfaite harmonie avec ce que je suis en train de vivre. Je réalise alors à quel point cette goutte de sueur et toutes ses petites sœurs m’ont manquées. Je réalise que mon t-shirt commence à s’assombrir, marqué lui aussi par quelques gouttes de sueur. Ce léger jogging me fait doucement monter en température mais la sensation est très agréable. Je réalise que mes jambes fonctionnent avec une souplesse que j’avais oubliée à moins que je ne l’aie jamais ressentie ainsi avant ? je n’ai pas soif, nous avons pris soin de boire avant de partir mais je sais que j’apprécierai avec grand plaisir la bouteille d’eau à la maison. Je sens la piste se dérouler sous mes baskets sans aucun accroc. Je ne suis pas du tout essoufflé car nous courons doucement. Malgré mes tentatives nous ne parlons pas, mon épouse souhaite rester concentré sur son souffle et son allure. Je profite alors de ce calme pour regarder autour de moi, admirer la lumière dans les arbres et sur la façade des immeubles derrière les frondaisons et prendre le temps d’apprécier ces sensations, cette joie intérieure qui s’installe dans mon corps en mouvement. Nous doublons nous aussi quelques joggers qui courent encore plus lentement que nous et soufflent bruyamment mais ils s’entêtent, pas après pas, inspiration puis expiration. Je trouve leur effort admirable. J’ai la chance de ne pas être victime de mon alimentation, d’avoir fait suffisamment de sport pour ne pas être capable d’imaginer la difficulté qu’ils ont à juste courir. Pourtant je n’ai pas le quart de leur courage car dès que je fatigue un peu, que j’imagine que mon genou gauche me lance, il m’est inconcevable de continuer. En tout cas, je n’en ai jamais eu envie, trouvant inintéressant de ressentir cet inconfort là. Eux continuent malgré une souffrance que j'imagine à travers leur visage concentré, renfermé à tout contact extérieur. Cela va faire une demi-heure que nous courrons. Je m’autorise quelques petites accélérations. Rien de bien terrible, un peu moins d’une centaine de mètres à chaque fois mais cela me permet de sentir l’air sur mon visage, mes jambes s’allonger, mes bras sur lesquels je tire plus fort, les chocs de mes foulées qui remontent le long de mes cuisses et cela me fait un bien incroyable de sentir ainsi tout mon corps bouger, toute cette chair, ces muscles et ces tendons qui se mettent en branle et de réaliser que tout simplement, à ce moment là, dans ce début de crépuscule, j’aime cela. Après ces quelques accélérations, je reviens doucement trottiner à côté de ma femme puis nous rentrons tranquillement à la maison alors qu’autour de nous, la lumière a baissé, le ciel bleu s’est assombri et il ne reste qu’un peu de la chaleur de la journée qui irradie du goudron des allées. Revenu à la maison, quelques verres d’eau et une bonne bière rafraîchissante partagée sur le balcon à regarder le soleil se coucher avant d’aller prendre une douche. C’était une sacrément belle façon de finir la journée ! Ce soir là, une bière fraîche à la main, mon t-shirt en coton taché de ces gouttes de sueur, les baskets encore au pied, ne voulant pas me changer tout de suite pour prolonger un peu la magie du moment, pour rester encore "sportif", j’ai décidé que je courrai encore.  

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :

 
Vos commentaires
cris_course

@cris_course

Tu aurais préféré faire autre chose, mais quoi ? ...
27 Nov
StCyrre

@StCyrre

Ha ça !!!
27 Nov
laflecheblonde

@laflecheblonde

Mais t'es un romancier !
12 Dec

Les bonnes affaires

Passer une annonce gratuite sur notre service de petites annonces, vêtements et de matériels sportifs. Vous pourrez également trouver votre bonheur parmi nos annonces.
Annonces

Les blogs certifiés

Pour le simple plaisir du running, la Team RunHappy France Running a choisi de sélectionner pour vous les blogs qui nous ont le plus marqués. !!!
Catégories