Journal (presque) intime d’une runneuse en devenir …
A l’heure où je fais mes cartons, où une page se tourne, où une nouvelle vie m’attend, il est temps de faire le bilan. En ouvrant mon armoire, je retrouve un sac. Bien rangé. A l’abri des regards indiscrets. Et je souris. Dans ce sac ? Mon tee shirt La Parisienne 2010, ma médaille, mon dossard, mon tee shirt « Cœur de Vies », mon dossard, mon tee shirt de l’Association Théodora, mon dossard, un nez rouge. Des souvenirs que je n’aurais jamais imaginé avoir aujourd’hui …
Laissez-moi vous raconter …
Je n’ai jamais été une grande sportive. Pourtant, en ce Dimanche 5 octobre 2008, alors que j’habite Paris depuis 15 jours, je me rends au Château de Vincennes. Evénement : Odyssea. Mais je ne cours pas. Je retrouve des amis et anciens collègues de stage. Ils tiennent un grand stand animé par une sympathique équipe de volontaires. Je me prends, en pleine tête, l’ambiance de l’événement : festif malgré la cause et la maladie, les sourires, les rires, la satisfaction, l’amusement … Tout le contraire de ce que m’a toujours inspirée la course à pied.
Janvier 2009 – Sans savoir comment ni pourquoi, mes seuls achats « soldes » seront des baskets, un jogging, un tee-shirt, un pull. Etrange … Quelques jours plus tard, je vais courir (marcher et papoter) avec une copine au Champs de Mars. Elle veut se mettre au sport. Personnellement, je ne comprends pas ce qui m’arrive.
Février 2009 – Après une journée de partiels, l’envie (toujours incompréhensible) d’aller courir me prend. Alors OK. J’y vais. On dirait même que je commence à aimer ça.
Mars 2009 – Je débute un stage de 6 mois. La moitié de l’effectif de la boite est adepte du running (semi, marathon, UTMB…). Je baigne dans des conversations running le midi, partagée entre les récits de courses et d’entrainements des collègues. C’est aussi la première fois que j’entends parler de La Parisienne. Véro (ma collègue), va la faire, elle essaye de m’entraîner mais le virus ne m’a pas encore contaminée.
Printemps - été 2009 – J’habite maintenant à côté du Parc Monceau. Un jour, je me créé une playlist running, enfile mes baskets et je vais courir. Je me sens bien. Je tiens le rythme d’une course (d’environ 20 minutes, faut pas pousser) par semaine.
Septembre 2009 – La boite m’embauche. Ca continue de parler running. Véro fait La Parisienne. Je la jalouse presque. Je lui promets (et devant l’ensemble des collègues) : l’année prochaine, je la cours !
Mars 2010 – Elle a beau avoir la quarantaine, rien ne lui échappe à Véro. Le jour de l’ouverture des inscriptions de la Parisienne, elle me relance. Chose promise, chose due. Je m’inscris. Si j’avais su …
Mars - Août 2010 – Je participe aux entrainements organisés par La Parisienne. Je rejoins également un groupe de runners qui investissent les Tuileries le dimanche matin. Phénomène quasi-paranormal : je me lève de bonne heure le dimanche matin (et sans trop râler) et je repousse d’une heure les déj du dimanche midi avec les ami(e)s pour aller aux entrainements. Bref. Je m’applique !
En Juin, lorsque les soldes arrivent, ma seule envie est de m’acheter une nouvelle paire de baskets. Genre une vraie paire. Pas une paire premier prix. Une paire qui coûte plus que 25 euros.
Mes nouvelles baskets me donnent des ailes et j’enchaine les tours au Parc Monceau.
En Août, à 3 semaines de La Parisienne, j’arrête les entrainements : faudrait pas que je me fatigue trop (oui, oui, vous avez bien lu … 3 semaines …).
12 Septembre 2010 – Je suis sortie boire un verre avec une copine de lycée la veille, on a avalé un sandwich rapide, je suis rentrée tard. Tout va bien.
Je me réveille avec 45 minutes de retard. A l’heure où je devrais déjà être partie … Pas le temps, j’enfile mon plus bel équipement, prend mes affaires et pars rejoindre le Village au Champs de Mars.
Je ne retrouve pas Véro. Tant pis. Mon objectif : faire la course en moins d’une heure. Je m’élance seule. Ou presque. Je suis bien entourée quand même (22 000 participantes en 2010). Et là quelque chose se produit en moi. Malgré le mauvais temps, malgré la fatigue, malgré le manque d’entraînement et mon manque de confiance en moi … je sens une énergie hors du commun. Mes pas se font timides dans les premiers mètres et je reste en retrait quand les filles hurlent dans les tunnels. C’est pas très fun de courir « toute seule » mais j’apprécie le moment et l’ambiance qui règne.
Ravitaillement. Je continue ! Si je m’arrête, je vais marcher et je ne repartirai pas.
Même s’ils ne sont pas là pour moi, les « supporters » sur le bord de la route font du bien. Ils encouragent. J’ai des frissons. Je me sens totalement dans la course. Je reste motivée grâce au « public ».
Je passe la Tour Eiffel. Les groupes de musique continuent de se succéder. Au fond de moi, je n’ai pas envie que ça s’arrête.
J’aperçois l’arche finale. Les photographes. Les gens qui applaudissent. Quelle émotion. Quelques mètres … la course est terminée. Je reçois médaille, rose, échantillons … et retourne sur le village en redescendant de mon petit nuage.
Je retrouve Véro avec sa sœur. Je partage mon chrono : 51 minutes. Son plaisir et son sourire face à ma « petite » victoire me fait un bien fou. Je suis fière de moi.
Je rentre me reposer, le sourire aux lèvres, des souvenirs plein la tête, le cœur rempli d’émotion … et une certaine envie de recommencer !
Vendredi 24 Septembre 2010 – Un ami me propose de participer à une course nocturne dans Paris. Distance : 3 km. Au profit de la lutte contre la mucoviscidose. J’accepte avec joie. Et je découvre Paris, la nuit, entourée de runners et d’enfants / adultes malades mais tous unis pour la même course. L’ambiance est à la fête malgré la difficulté des épreuves qu’ils ont à affronter au quotidien.
Encore une fois les sensations sont présentes et l ‘émotion à son comble. 3 km. 20 minutes de bonheur. Des souvenirs à l’infini.
Octobre 2010 - Juillet 2011 – Un traitement médical m’impose l’arrêt du sport. En juillet, je reprends doucement les entrainements mais les douleurs sont encore trop présentes. Je laisse à mon corps le temps de récupérer.
Janvier 2012 – L’heure des bonnes résolutions a sonné. Je ferais au maximum 3 sorties sur l’année. Motivation niveau 0.
Janvier 2013 – Cette année, ma résolution, je la tiens ! Je (re)commence doucement. Et je tiens.
Mai 2013 – Je papote running sur Twitter et j’ai envie de refaire une course. J’entends parler de la Course des Héros pendant mes vacances. Je m’inscris. Je récolte 200 euros pour l’association Theorodra et gagne le droit de courir le 16 Juin.
Dimanche 16 Juin 2013 – On y est ! Je me suis entrainée sérieusement (1 à 2 sorties par semaine). Objectif : 45/50 minutes.
Entre temps, ma copine Sophie s’est inscrite aussi. C’est donc déguisées en DuponS et DuponS’ (concours de déguisement oblige) et en cape de héros que nous nous élançons pour 6 km au Parc de Saint Cloud, sous le soleil.
Je me cale sur le rythme de Sophie, qui est plus rapide que le mien. Au bout de 3 km, on se lâche. Je continue seule. Mais toujours avec les encouragements du public, la solidarité des autres coureurs et le soutien de mon chéri.
L’ambiance ne me déçoit pas. Je suis portée. La fin est proche. Je jette un coup d’œil à mon chrono : je suis sous la barre des 40 minutes. Je ne réalise pas. Quand je passe la ligne finale, je vérifie : 38 min 45. Quelle fierté ! Pour moi, pour mon chéri, pour l’association, pour les enfants malades, pour ceux qui m’ont encouragés … Je suis fatiguée mais tellement heureuse !
Eté 2013 – Je continue d’arpenter les allées du Parc Monsouris (1 à 2 fois par semaine), ma playlist running toujours dans les oreilles. Et toujours le sourire aux lèvres. En rêvant aux prochaines courses.
Aujourd’hui … et demain – J’ai compris que courir pour courir ne me correspondait pas. Je réalise que mettre la course au profit des causes « solidaires » me donne une motivation beaucoup plus grande. Alors pourquoi ne pas en profiter ?
Je ne prévois pas de marathon, de semi ou de grandes courses. Pour l’instant, je veux être présente aux côtés de ceux qui souffrent et qui mettent leurs maux de côté pendant une course pour partager un moment exceptionnel, rempli de vie, de sourires … et de souvenirs.
Si j’avais pensé qu’un jour j’en serais là …
Sandrine D.