MARATHON DE LA ROCHELLE 2014
En prenant le départ du marathon de La Rochelle, je pensais décrocher 1 RP mais j'ai eu beau le courir en grande partie aux côtés de Jésus sur sa croix (lui même poursuivi par le diable) ça a été pour moi un long chemin de croix de près de 32 kmJe pourrais trouver mille excuses : mes kilos en trop accumulés ces dernières semaines, les petites douleurs sournoises qui sévissent par intermittence (bien que ce ne sont pas elles qui m'aient le plus gêné), le vent qui s'est invité par moment sur la course, le fait de partir dans 1 sas beaucoup trop lent, des ennuis domestiques relatés par mon mari la veille au soir ...Mais bon, c'est juste que mon corps m'a dit NONCertains diront tout de suite : "on te l'avait dit, tu cours trop, enchaines trop les courses ..."Peut être ont-ils raison mais ça ne me fera pas changer pour autant ma façon de courir. J'aime courir, j'aime m'accrocher 1 dossard sur la poitrine et c'est comme ça !!! Je sais que malgré ma contre-performance d'aujourd'hui, même si là je n'ai pas envie de rechausser mes asics avant plusieurs jours, je recommencerai à courir comme avant ou même plus, parce qu'au final, c'est comme ça que je me sens bienMais revenons à la course.Tout avait pourtant bien commencé. Je m'étais inscrite au mois de mai dans l'émulation du MDP et parce que je trouvais qu'elle était bien placée dans le calendrier pour finir mon année de Running en beauté.Au fil des mois et aux vus de ma progression et de mes performances en course, je me suis de plus en plus mise à croire en un RP, ce marathon ayant de surcroît la réputation d'y être favorable.J'ai sans doute oublié que l'humilité fait aussi partie des vertus des coureurs et que même une succession de RP ne présage pas forcément des courses suivantes.Comme c'était trop facile de croire que parce que j'avais parfaitement réussi 1 semi il y a 2 semaines alors que je n'y croirais pas du tout et que je n'étais pas en forme avant la course allait me permettre de réussir le même exploit sur mon marathon.De même qu'avoir le petit signe inattendu qui gonfle le moral à 2 jours du marathon ne viens pas donner plus de jus dans les jambes.Je suis donc arrivée à La Rochelle, la veille du marathon, pleine d'enthousiasme et d'espoir. A peine sortie de la gare, direction le village du marathon pour retirer mon dossard puis mon hôtel. J'ai ensuite passé le reste de la journée à visiter la Rochelle et à passer de bons moments avec d'autres runneurs : Aurélie (et sa famille), Isabelle et Gérald, puis repos à l'hôtel.Réveil très matinal et après avoir avalé un petit déjeuner équilibré dans ma chambre, je me suis dirigée en trottinant vers le lieu du départ, pour m'échauffer un peu.Là j'ai croisé vite fait Isabelle (@Emaboveari) et Romuald (@FreeRom42km) et retrouvé Aurélie, dont c'était le 1er marathon. Après le passage obligé aux toilettes, nous nous dirigeons non sans difficultés vers le sas de départ qui est surchargé. On ne peut même pas entrer dedans et attendons donc sur les côtés avec plein d'autres runneurs.Le départ est donné !!! C'est la bousculade et en plus je suis dans un sas très lent (le dernier) seul mon RP de l'époque ayant été pris en compte au moment de l'inscription et donc plus de 4h.Ça n'avance pas et ça m'énerve énormément. En plus, le parcours est très étroit. Je boucle mon 1er km à 6,30 au kilo. Ce n'est que vers le km 3 que j'arrive enfin à accélérer et me caler à l'allure que je compte faire mienne pour atteindre mon objectif : 5,30 au kilo voire 5,25J'ai cependant beaucoup de mal à accélérer et descendre en dessous. J'arrive au mieux à atteindre les 5,28 mais je ne tiens pas longtemps et c'est en forçant vraiment.Je commence déjà à sentir que l'énergie me fait défaut. Impossible d'accélérer même maintenant que le peloton devient moins dense devant moi.Je m'accroche tout de même et passe le km 5 dans mon objectif à quelques secondes près mais au km10 je constate que j'ai déjà du retard, même si c'est encore rattrapable. Cependant, j'ai beau y faire impossible d'accélérer et de relancer. Je suis rattrapée par Aurélie que j'avais laissé au départ et qui semble parfaitement gérer sa course.Je constate sur ma montre que je perds de la vitesse ce qui m'est vite confirmé lorsque je me fait dépasser par le meneur d'allure des 4h. Je me dis que si je ne le redépasse pas très vite, je peux oublier mon RP.C'est cependant très difficile surtout que les nombreux coureurs qui l'entourent bloquent le passage et m'empêchent d'avancer. Mes jambes sont de plus en plus lourdes et rapidement, je laisse filer Aurelie qui comme continue de faire 1 super course.Et là je sens que ce que je voulais être une super course va vite se transformer en cauchemar. L'envie et le plaisir s'envolent, et l'allure affichée sur ma montre est déjà très loin de mon objectif, et il y a encore près de 30km à faire. Ça me paraît insurmontable.J'ai envie de tout arrêter là, tout de suite. Où trouver la force de parcourir tant de kilomètre ?J'avance machinalement voyant juste défiler les panneaux kilométriques et faisant à peine attention au paysage pourtant bien sympa par moment. En revenant vers le port, l'envie d'abandonner devient encore plus forte sachant que je suis seulement à 5mn de mon hôtel. Voilà déjà 10km que je ne suis plus dans ma course et je viens de passer le Semi en plus de 2h02. Mais je continue !!!Je ne crois pas aux miracles. Je sais bien que je ne reviendrai pas dans ma course mais bon, peut être limiter la casse.Mais mes jambes répondent de moins en moins. Pas vraiment des douleurs même si ma cuisse me titille légèrement de temps à autre. Non, juste pas de jus.Je sais pourtant que je dois continuer. Abandonner n'a jamais fait partie de mon vocabulaire que ce soit pour le Running ou pour tout le reste.Je souris (enfin dans ma tête, parce que vu comme ça je devais plutôt faire la gueule) en me disant que j'essaye depuis des semaines de convaincre 1 copain de courir 1 marathon en lui disant que c'est 1 truc génial et que s'il me voyait à cet instant, il serait définitivement convaincu de ne jamais en courir un. Pas du genre maso le mec !!!J'ai envie de m'arrêter pour appeler à l'aide mes copains runneurs de Twitter pour qu'ils me donnent du courage, mais je sais que je n'arriverai pas à redémarrer et surtout, mes doigts sont tellement gonflés par la rétention d'eau que je ne suis même pas sûre d'arriver à taper sur le clavier de mon téléphone.Je scrute autour de moi les autres runneurs en espérant que l'un d'entre eux voit ma détresse et m'accompagne sur la suite de ma course, mais en vain.Je suis seule avec moi même et ma course.Je pense que le combat que je suis en train de livrer n'est rien à côté de celui que je livrais il y a 6 ans jour pour jour, alors que j'étais en train de me tordre de douleur dans une salle d'urgence et que je m'apprêtais à vivre le pire cauchemar de toute ma vie.Aujourd'hui je suis vivante et seules les jambes me font défaut. Je ne peux donc pas lâcher prise. Certes, je n'aurai pas cette revanche sur le sale coup que m'a joué la vie, il y a 6 ans, par un RP, mais je l'aurais en allant jusqu'au bout coûte que coûte et en N'ABANDONNANT PAS !!!Je suis rattrapée par Jésus portant sa croix suivi par le Diable en personne. Leur bonne humeur et leur désinvolture face au marathon m'amuse. Eux ne se prennent vraiment pas la tête avec le chrono et semblent vraiment être là pour s'amuser et profiter du moment présent.Je demande à Jésus de me donner des jambes mais pas de miracle. C'est plutôt moi qui porte ma croix.Le panneau km32 me remotive un peu même s'il ne me fait pas accélérer. Je sais que le plus dur est derrière et qu'il ne reste plus grand chose. Je n'ai plus qu'à avancer du mieux que je peux. Je ne prends même plus le temps de regarder ma montre. De toutes façons, les rares fois où je la regarde c'est pour constater que mon allure a encore baissé. JE SERAI FINISHEUSE quelque soir le temps qu'il faut pour y arriver.Le marathon, c'est vraiment l'amour vache !!! On en bave, on déteste courir, on veut que ça s'arrête mais on y retourne toujours parce qu'on fond de nous, on aime ça. On aime ce combat qu'il nous oblige à livrer avec nous même et ces limites qu'on repousse toujours plus loin.Le dernier Kilomètre me paraît interminable. Heureusement, il y a une super ambiance, un public génial et une vue magnifique sur le port de La Rochelle et ses 2 célèbres tours, sous le soleil et le ciel bleu.L'arrivée se fait sur un beau tapis bleu !!! C'est FINI !!!4h19'32"Chrono à très vite oublier mais j'ai fini et suis allée au bout !!!Je récupère la superbe médaille et les autres cadeaux qui nous sont donnés à l'arrivée (bourriche d'huîtres, ponchos et même 1 rose) et déguste un bon chocolat chaud gentiment préparé par les bénévoles.Je me rends compte que mon portable n'a plus de batterie. Apparemment lui aussi s'est pris le mur pendant la course. Impossible donc de rassurer ma famille ou mes amis runneurs qui doivent tous se demander ce que je suis devenue.Je ne pourrais le faire qu'une heure plus tard, une fois ma batterie de secours récupérée à l'hôtel et constater avec beaucoup d'émotion à quel point tout le monde s'est inquiété pour moi. Ça réchauffe vraiment le cœur et je les en remercie tous vivement !!!Même si être allée jusqu'au bout et n'avoir pas abandonné est 1 victoire, il me faudra sûrement quelques jours pour digérer tout ça mais quand on aime on pardonne (surtout quand on a couru avec Jésus) et je rechausserai bientôt mes asics pour revenir plus forte.Avec tout ça, j'ai oublié de vous dire que La Rochelle était vraiment un super marathon que je conseille vivement (je ne voudrais surtout pas que mon CR en dissuade certains).L'organisation est géniale et les bénévoles au top, le parcours superbe et un super public pratiquement toute la course.Donc j'y reviendrai sûrement ne serait-ce que pour prendre ma revanche !!!Si vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :