MON 100KM DE MILLAU
LE DÉPART Ça y est !!! Le jour tant attendu est là après 3 mois de préparation, et un mélange d'angoisse et d'impatience, comme avant mon tout 1er marathon.Réveil tôt à 5h30 (enfin à mon heure habituelle) mais du coup, peut être un peu tôt car j'arrive vraiment à l'avance à la salle des fêtes pour déposer mes sacs (mais comme je ne sais pas trop s'il y a une heure limite pour le faire je préfère être là à l'avance)Je trouve Damien, Jérôme et Mickaël, des copains runners de Twiiter.9h30 : nous quittons le Parc de la Victoire (où se trouve la salle des Fêtes ) en procession, vers la ligne de départSur le chemin, nous croisons la Ministre des sports, Madame Laura Flessel qui doit donner le départ ... Petit selfie au passage10h : le départ est donné en même temps que tombent les 1ères gouttes de pluie LE MARATHON Je pars tranquillement sur l'allure que je me suis fixée : entre 6,30 et 6,40 au kilo (pas plus vite) de façon à passer le marathon aux environ de 4h40A ce rythme de croisière pas de fatigue ou d'essoufflement et finalement les kilomètres me paraissent passer plus vite que lorsque je suis à fond.Surtout que je ne me soucis pas du kilométrage ou du chrono, seuls quelques coup d'œil à ma montre pour vérifier que je suis pas trop rapide.Pour l'instant, il y a beaucoup de monde vu que les participants du marathon et du 100km sont mélangés. Un peu trop pour moi car je ressens le besoin de m'isoler du bruit et des conversations pour entrer dans ma course (parce qu'entre les CV running et les bilans de blessures, les conversations ne sont pas très inspirantes).Je mettrais bien un peu de musique pour m'isoler mais, j'ai laissé mes écouteurs au fond de mon camelback et avec ma veste de pluie que j'ai mis par dessus, difficile d'y accéder !!! Tant pis !!!En plus, au km7, on est rejoint par les suiveurs à vélo ???? C'est encore plus le bazar dans le peloton des coureurs. Au ravito du km 12, c'est très étroit car ils ont partagé la route en 2 : un côté vélos et un côté runners. Du coup, même si on ne s'arrête pas au ravito on est obligé de marcher.Derrière moi, un mec pressé me pousse et manque de me faire tomber. On se calme !!! Il te reste 88 km pour accélérer !!! Les paysages sont magnifiques mais malheureusement un cachés par les nuages.Arrive la 1ère difficulté au km20 : une grosse côte mais je la passe sans problème et sans ralentir donc tout va bien à part que la petite pluie fine se transforme en un déluge qui s'abat sur nous !!!Heureusement que j'ai ma veste de pluie mais mes pieds sont trempés.Tant pis, de toutes façons il faut continuer et l'exploit n'en sera que plus beau, et de toutes façons, je m'étais préparée à cette éventualité face aux prévisions météo (et je préfère ça à la grosse chaleur de la veille).Je continue donc sous la pluie et à mon rythme de croisière jusqu'au marathon4h43 : je suis dans mon objectif.Un passage aux toilettes et c'est reparti !!! DIRECTION SAINTE-AFRIQUEMaintenant, la course commence vraiment.Après avoir laissé les marathoniens, le peloton est plus clairsemé ce qui n'est pas pour me déplaire. J'ai besoin de calme pour me concentrer sur ma course. La sortie de Millau se fait en montée. Mon allure a un peu diminué mais ça va toujours, même si ça commence à tirer dans les cuisses et les mollets. Pour l'instant, je suis encore dans les distances que j'ai testé dans mes SL #marathonetplusPuis on attaque la grosse montée sur le Viaduc. Rapidement, je me rends compte que tout le monde marche. Je fais donc pareil et en profite pour envoyer un texto à mon mari pour lui dire où j'en suis. Je l'ai chargé ensuite de transmettre l'info à ma mère.Je découvre au passage les précédents texto qu'il m'a envoyé avec des selfies d'encouragements avec ma tribu. Ça booste le mental !!!La pluie s'est enfin arrêtée et je retire ma veste de pluie ce qui me permets d'accéder plus facilement à mon camelback et mon ravito. Je mange un peu de chocolat noir.Arrivée en haut, je recommence à courir tranquillement juste avant la traditionnelle photo du km50 devant le Viaduc.J'ai fait la moitié de la course et aussi atteint la distance maximale déjà testée en SL. Maintenant c'est l'inconnu et surtout la partie la plus difficile de la course.La descente jusqu'au village de Saint-Georges de Luzançon me redonne du dynamisme.Là, au km53, je croise en sens inverse le 1er de la course (impressionnant => au final, il bouclera la course en 7h04)On attaque ensuite la grosse montée avant la redescente sur Sainte-Afrique où je pourrai faire enfin une pause.Marche évidente !!!Km 61, le mental commence à souffrir !!! J'envoie des textos à mon mari et quelques amis !!! Besoin d'encouragements !!!La redescente sur Sainte-Afrique me paraît interminable. Je suis tellement impatiente de me poser un peu et surtout mettre des vêtements secs !!! J'atteins enfin le km71 et le gymnase. 8h45'01" de course J'effectue une longue pause d'environ 30 minutes : ravitos avec de bons petits pains énergétiques, dont je fais aussi une réserve pour la fin de la course et ainsi qu'une réserve d'eau. Je mets enfin des vêtements secs et surtout de chaussettes sèches. Mes pieds sont un vrai massacre avec l'humidité. Je limite la casse en remettant une bonne couche de NOK et renonce à mon projet de changer de chaussures. Mes Asics Nimbus sont plus étroites que mes Vomero que je porte depuis le début de la course et vu l'état de mes pieds, j'ai peur de ne pas être à l'aise. Tant pis !!! Je continuerai avec des chaussures humides !!!En me changeant, je me rends compte qu'au fil de la course, j'ai perdu une des 2 puces de mon dossard !!! Grosse inquiétude d'être disqualifiée. Du coup, je vais tout de suite voir un des responsables de la course mais il me dit que "c'est bon".Par sûreté, je scotche ce qui me reste de puce, pour la fin de ma course.Je recharge un peu ma montre dont la batterie est presque à plat, envoie des texto à mon mari et m'équipe de ma frontale.Passage aux toilettes et c'est reparti pour la dernière ligne droite !!!FIN DE COURSE :Je redémarre progressivement et reprend petit à petit ma vitesse de croisière.J'attaque la remontée de Sainte-Afrique en courant et comme je me sens bien, je continue ainsi. Cette longue pause semble m'avoir reboostee et je suis à fond. J'ai l'impression de faire une de mes sorties en D+ dont je raffole tant. Je continue en courant alors que tout le monde marche. Ils doivent me prendre pour une dingue mais rien ne peux m'arrêter !!!Bientôt la nuit tombe et j'allume ma frontale, et attire au passage quelques bestioles volantes.Il y a de moins en moins de runners/vélos autour de moi ce qui me convient parfaitement. La nuit, le silence et la solitude ... C'est ce que j'attendais depuis le début pour me concentrer totalement sur ma course et sur mon mental.J'arrive en haut de la côte sans problème et la redescente se fait avec encore plus de facilité !!! Je cours comme ça sans m'arrêter jusqu'à vers le km85 où je marche un peu pour détendre mes jambes !!! Puis c'est reparti pour quelques km jusqu'à la montée sur le viaduc où je me remets à marcher.Km 90 : La fin approche !!!Allez Eugénie : plus que 10km !!! Impossible de lâcher maintenant !!! TU VAS LE FAIRE !!!J'envoie un texto à mon mari et poste enfin de mes News sur Twitter. Tout de suite, je vois ma TL qui s'affole autour de mon tweet.Pas le temps de lire les messages d'encouragement. Je range mon téléphone et repars.Je ressens des petites douleurs un peu partout : ma cuisse droite, mon dos, mes pieds ... J'essaye de concentrer mon esprit pour transférer ma douleur ailleurs et à vrai dire ça marche assez bien !!!Passage sous le viaduc : km 92 Enfin ça doit être à peu près ça vu qu'à l'aller, c'était le km 50 (donc 8 km avec le passage au Marathon à la salle des fêtes).Je ne peux pas vérifier vu que la batterie de ma montre m'a lâchée quelques minutes avant.Tant pis, pas besoin de montre pour finir. De toutes façons, il faut aller jusqu'au bout et je ne risque plus d'accélérer donc pas d'allure à contrôler !!!C'est reparti pour une jolie descente avant de revenir sur Millau.De moins en moins de runners mais toujours quelques personnes sur les côtés pour nous encourager !!!Avec le retour dans Millau on retrouve les voiture et la civilisation qui rappelle un peu plus le moment où tout va s'arrêter. Depuis 13 heures que je suis partie, je redoute un peu ce retour à la réalité !!! Km 98 : passage de pont qui enjambe le Tarn !!! Plus que 2km !!!Un peu plus de monde dans la rue donc un peu plus d'encouragements !!!Km 99 : le dernier km s'annonce magique et plein d'émotion Avant de poursuivre, je fais un dernier selfie pour mon mari et mes kids. Je les imagines complètement fous derrière le téléphone.Je veux savourer chaque instant de ce dernier kilomètre. Entrée dans le Parc de la Victoire (qui porte bien si nom). L'arrivée est en vue !!!J'entre dans la salle des fêtes ...Km 100 : ça y est, JE L'AI FAIT !!! Je suis centbonarde !! A cet instant la pression retombe et les émotions ressortent !!! Je fonds en larme et ne peux plus m'arrêter de pleurer !!! Impossible de répondre aux questions du speaker avec son micro !!! Je trouve un endroit pour m'assoir et pleure longuement pendant 10 minutes !!!C'est juste fou, magique, dingue ... En fait impossible à décrire !!!Un long voyage qui prouve que rien n'est impossible !!! Le corps et l'esprit peuvent toujours plus !! De km en km on avance et on se dit qu'il faut continuer !!!Que dire de plus de cette course magnifique ...Une organisation parfaite avec des bénévoles au top et des ravitos semblables à des banquets Autre chose qui m'a surprise par rapport à toutes les autres courses sur route que j'ai pu faire : c'était une course propre !!! Aucun déchet jeté en dehors des zones de récupération sur les ravitos A Millau on entre vraiment dans une autre dimension, à tous points de vue Qu'une envie : RECOMMENCER !!!Si vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :