UN MARATHON EN NOCTURNE ...
Le Marathon du Luxembourg me tentait déjà bien l'an dernier du fait qu'il se déroule en nocturne et qu'il y ait, paraît-il, une super ambiance.Mais lorsque j'ai découvert son existence, j'étais déjà inscrite à celui du Mont St Michel et j'ai donc remis mon projet à cette année.Je me suis inscrite dès l'ouverture des inscriptions donc il y a longtemps (en septembre dernier). Beaucoup d'eau à donc coulé sous les ponts depuis mon inscription et surtout beaucoup de kilomètres sous mes Asics. Mais surtout, comme tout le monde le sait, je me suis blessée fin janvier ce qui m'a valu 6 grosses semaines d'arrêt.Le retour a été difficile avec 1 marathon de Paris éprouvant par le manque de préparation. Une fois récupéré de ce dernier, je me suis lancée dans 1 prépa très sérieuse du marathon du Luxembourg, faisant de nombreuses séances en côtes, plusieurs runners m'ayant mise en garde sur le gros dénivelé total du parcours : env. D+450m et reprenant aussi le fractionné.Au fil des séances, j'ai recommencé à me sentir à l'aise comme avant ma blessure et suis arrivée à boucler des sorties très longues à une allure convenable, sans avoir l'impression de forcer.J'ai donc abordé mon marathon avec confiance, espérant même 1 RP même si cela me paraissait difficile vu le profil du parcours, mais j'avais envie d'y croire.Ma principale angoisse était par contre l'horaire du marathon. Je cours rarement le soir, à part l'été, car ça ne colle pas avec mon organisation familiale. J'ai déjà effectué 5 courses le soir mais n'excédant pas 12km donc comment gérer "l'avant" au point de vue repos et surtout au point de vue alimentaire ?Départ très tôt de Paris le samedi matin car je voulais avoir le temps d'aller récupérer mon dossard avant de pouvoir me poser à l'hôtel pour me reposer et me mettre dans ma bulle.Ma 2ème angoisse : les trajets entre l'hôtel et le village / départ / arrivée Le lieu de retrait des dossards, aussi lieu de départ et d'arrivée du Marathon étant très excentré, j'angoissais beaucoup sur les temps de parcours : attendre 1 navette (enfin le matin, c'était juste 1 bus de la ville), monter dedans, faire au moins 20 min de trajet et savoir qu'il faudrait faire la même chose voir plus long avant le départ, et arriver suffisamment tôt pour poser mon sac à la consigne ....Vous me suivez toujours, hein ???Et comme je suis une Big angoissée de nature et que j'aime que tout soit bien cadré et planifié (la mère de famille nombreuses mega organisée qui parle !!!) ça me stressais d'être dans l'inconnu .Donc arrivée au Luxembourg (ou pour la ville on dit "à Luxembourg" ???) je trouve rapidement le bon Bus sauf que je ne descend pas au bon arrêt. Heureusement le chauffeur est sympa et me laisse rester dans le bus après le Terminus pour me redéposer à l'arrêt précédent.Les préparatifs battent déjà leur plein au Luxexpo !!!On gonfle des ballons, installe l'arche de départ et je peux déjà voir l'arche d'arrivée qui se trouve à l'intérieur d'un des halls du Parc Expo. Ils testent déjà la musique et les lumières : ça promet d'être grandioseJe récupère mon dossard et mon sac coureur bien rempli de cadeaux en tous genre, et regagne enfin mon hôtel après une attente interminable de mon bus.Le réceptionniste est super sympa et accueillant, et me réchauffe gentiment ma Pasta Box que je me suis préparée avant mon départ de Paris. Aucune envie d'une part d'ingurgiter une nourriture à laquelle je ne suis pas habituée et encore moins de me mettre en quête d'un Resto.J'ai surtout envie de rester au calme. Une fois déjeuné, je m'accorde une sieste puis je prend 1 douche et me prépare tranquillement.Je prends 1 goûter énergétique et je monte dans 1 navette direction le Luxexpo. Il y a tellement de monde dedans que c'est tout juste si mes pieds touchent le sol. J'ai l'impression d'être à Paris un jour de grève.Arrivée sur place, c'est du délire !!! Il y a un monde fou entre les runners, les accompagnants, les supporters ...Il faut dire aussi que partent en même temps, les Marathoniens, les Semi et ceux qui font le marathon en 4 relais.L'attente aux toilettes est beaucoup moins longue qu'à Paris. Ici tout a été prévu pour que ça ne se bouscule pas. Du coup, il le reste suffisamment de temps pour m'échauffer un peu à proximité puis je rejoins le sas de départ. L'ambiance monte en musique et l'on gonfle une montgolfière aux couleurs du sponsor officiel : ING Le départ est donné !!! Prête à en découdre !!!Après une petite montée pour sortir du Parc Expo, le parcours est en descente. Résultat je prends de la vitesse au-delà de mon objectif de course. Je sais que ce n'est pas bien de me laisser entraîner comme ça, surtout que ce que je descends maintenant, il me faudra le remonter tout à l'heure puisque le lieu de départ est aussi le lieu d'arrivée.Cela dit, je n'ai pas l'impression de forcer donc je continue ainsi. Le temps s'est dégagé et du coup j'ai un peu chaud. Je ne regrette cependant pas d'avoir mis mon manches longues car je sais que ça va vite se rafraîchir.Je continue d'avancer à la même allure toujours sans forcer. Je m'inquiète quand même un peu lorsque le meneur d'allure 3h44 me dépasse (oui, ici ce n'est pas 3h45). Je suis peut être un peu rapide là !!!Je ralenti un peu mais je passe les km 5 et 10 dans mon objectif de course. Physiquement ça va (pour l'instant) mais je ne me sens pas à l'aise d'un point de vue digestif. Dès que je bois, ça a du mal à passer et j'ai l'impression que ça reste bloqué. Même si je tiens encore une allure convenable, je baisse un peu en intensité. Je décide donc de consommer ma barre énergétique plus tôt que prévu (de toutes façons, j'en ai 2 autres en réserve au cas où) mais elle passe encore moins que le reste. J'ai un mal fou à la finir et ça ne fait qu'accentuer mes nausées.Arrivée au km 15 je constate que j'ai pris du retard par rapport à mon objectif. Le parcours se complexifie et je n'arrive plus à relancer sur ces montagnes russes.Heureusement l'ambiance est fantastique !!! Le public Luxembourgeois est présent partout. C'est à se demander s'il reste encore des gens chez eux ce soir. Les gens crient, applaudissent, jouent de la musique, crient mon prénom ... Il y a des groupes musicaux ...Nous traversons un quartier très résidentiel oú tous les gens sont dehors, en famille, entre voisins, entre amis ... Certains en ont profité pour dîner dehors devant leurs habitations. D'autres nous ravitaillent gentiment en eau.Moins cool par contre, ceux qui en ont profité pour sortir le barbecue. J'ai beau ne pas être 1 grosse carnivore, l'odeur des grillades est une vraie torture même si mon estomac serait bien incapable d'absorber quoi que ce soit.Bientôt, on se sépare des Semi !!! Comme ça avait été le cas à Marseille, je me sens d'un coup beaucoup plus seule. Le peloton devient très clairsemé autour de moi. Heureusement, il reste encore les coureurs en relais et surtout le public est toujours présent et ne nous abandonne pas.Je n'arrive plus à relancer mais je n'insiste pas. Je sais qu'après le km 20 le parcours se complexifie encore plus donc il me sera impossible de revenir. J'ai toujours autant de nausées et il m'est difficile d'avaler ma boisson. Je bois par principe, en petite quantité, mais ça a beaucoup de mal à descendre.J'oublie tout objectif de chrono et pense juste à finir. Je savais d'avance que ça serait dur et qu'il serait difficile d'assurer sur un tel parcours, puisque sur du plat, ça avait été au prix de beaucoup de travail et avec une grande forme.Jusqu'à présent le parcours n'est pas exceptionnel. Je m'attendais à un peu plus visiter la ville. Pour l'instant nous faisons des méandres à travers toutes les petites rues et quartiers résidentiels. Nous traversons aussi plusieurs parcs.Heureusement que nous sommes peu nombreux, sinon ça se bousculerait.Les kilomètres défilent ...Pour me motiver, je rapporte le kilométrage actuel à celui de mes grosses SL (je fais toujours le même parcours) en me disant qu'habituellement, à tel kilomètre, je suis à tel endroit.Ainsi, j'ai de quoi tenir jusqu'au km34Après mes jambes, ma musique me lâche mais ce n'est pas plus mal. J'ai besoin de calme.Ça tombe bien, il y a moins de public et donc moins de bruit dans cette partie du parcours.Nous abordons la fameuse grande descente vers la vieille ville et le Grund. J'ai des crampes dans la jambe gauche. Je ralenti. Il fait très frais. En bas, c'est peu éclairé mais il y a de nombreux lampions ce qui est très joli. La remontée est heureusement moins violente que la descente. Nous retrouvons le centre ville et le public toujours aussi festif. Les crampes disparaissentKm 32 : plus que 10 à tenir J'ai oublié le chrono depuis longtemps et comme il fait nuit, je ne vois plus ma montre de toutes façons. J'essaye bien d'allumer l'écran à 1 moment mais, par manque d'habitude (j'utilise rarement cette fonction) je me trompe de bouton et l'arrête l'espace d'un instant.On sort de la ville et abordons l'immense ligne droite qui nous ramène vers l'arrivée. Le public se montre beaucoup plus rare même si quelques irréductibles sont toujours là pour nous accompagner de leurs encouragements.Il fait nuit et froid, et il y a de moins en moins de runners autour de moi. Je me sens bien seule. Je n'ai plus l'impression d'être dans 1 course mais plutôt de faire mon footing quand je pars très tôt le matin, qu'il fait encore nuit et que les rues sont presque désertes.J'avance machinalement. Je pense seulement à l'arrivéeJe sais d'avance qu'elle promet d'être grandiose. En revanche mes nausées ne s'arrangent pas. Ã un moment, ça manque même de virer à la catastrophe mais bon ...Km 41 : il faut que j'arrive à tenir Ça serait dommage de gâcher mon arrivée !C'est 2ème Marathon hors de France (j'avais fait Bruxelles en octobre ). Cette fois ci j'ai tout prévu.Je sors mon drapeau Français que j'avais regretté de ne pas avoir emmené à Bruxelles, voyant d'autres coureurs sortir celui de leurs pays respectifs. Je voulais le faire à Barcelone mais mon forfait m'en a empêché donc aujourd'hui c'est le moment ou jamais Je suis fière de représenter mon pays en tant que runneuse.Le Parc Luxexpo est en vue et l'émotion que je ressens toujours à l'approche de l'arrivée, à chaque marathon, commence à monter.Jusqu'à présent, je trouvais unique et magique l'arrivée du MDP par rapport à d'autres marathons où l'ambiance n'était pas toujours présente, mais l'arrivée du Marathon de Luxembourg, qui a lieu à l'intérieur du Parc Expo est exceptionnelle. On se croirait à Ibiza : musique à fond, show lumineux et malgré mon arrivée tardive, un public toujours présent et m'acclamant comme si j'étais arrivée 2 h avant.C'est magique !!!Je savoure pleinement mes derniers mètres de course mon drapeau dans le dos et le passage de la ligne d'arrivée oubliant même de couper mon chrono. Pas grave, il s'affiche sur l'écran géant en face de moi et le commentateur l'annonce au micro avec mon nom et ma nationalité (en même temps, avec mon drapeau dans le dos, il ne pouvait pas se tromper !!!)J'aperçois Pascal (@hcallahan08) qui attend Laurence (@Minnierunneuse) dont c'est le 1er Marathon. Je récupère ma magnifique médaille tellement méritée. Un coup de fil à mon mari et ma maman pour les rassurer et je vais chercher mon sac aux consignes où je retrouve Laurence et Pascal.4h40'07"J'ai bouclé mon 8ème marathon !!!J'ai mis beaucoup plus de temps que ce que n'escomptais mais aucune amertume ou déception !!! Je suis allée au bout, j'ai donné tout ce que je pouvais et surtout j'ai su accepter suffisamment tôt dans ma course que je n'attendrais pas mon objectif, pour poursuivre tranquillement jusqu'au bout sans me faire mal.Et puis le 1er tiers de ma course s'est très bien passé donc avec du travail, je sais que je peux retrouver mon niveau d'avant blessure.L'expérience en nocturne était très particulière surtout pour moi qui suis plutôt une runneuse matinale voire très matinale.Le parcours était difficile et sans trop d'intérêt mais l'ambiance fantastique et rien que pour ça, ça valait le coup !!!Si vous avez aimé cet article, vous aimerez surement ceux-ci :
